«Superstitieux, non, je veux juste sauver mon système de #cultures que j’ai mis quinze ans à trouver. Sauvons #glyphosate ! » En un tweet, le ton est donné. Vincent Guyot, agriculteur à Etaves-et-Bocquiaux (02), est en non-labour, ce qui a nécessité du temps pour maîtriser la rotation et obtenir des rendements satisfaisants. « Aujourd’hui, j’ai une belle plaine et je n’ai pas plus ou moins de difficultés de désherbage que mes voisins… à condition qu’on ne vienne pas m’embêter sur mon itinéraire technique. Si on nous enlève cet herbicide, je ne sais pas comment faire aujourd’hui. Mais attention cette matière active est également indispensable en labour ! », appuie-t-il.

Sur les couverts qui restent en place au minimum deux mois, Vincent intervient systématiquement avec du glyphosate en novembre, afin de stopper le couvert qui a joué son rôle de piège à nitrates. Cela permet aussi de venir à bout des vivaces comme le chardon, qui se développe ces dernières années. « Je n’arrive pas à les gérer dans les colzas car je n’ai pas toujours les conditions climatiques satisfaisantes sortie hiver », complète l’exploitant. C’est pour cela qu’il applique la dose de 3 l/ha. Il attend ensuite que le glyphosate pénètre correctement et, au bout de trois à quatre semaines, passe un coup de canadien pour créer un mulch qui permet le semis des betteraves avec un matériel traditionnel. « Faute de couverts suffisamment développés pour utiliser un rouleau Faca (rouleau hacheur), je l’ai revendu », ajoute Vincent Guyot. Il emploie la molécule ponctuellement pour lutter contre les chardons en localisé avant le semis de blé.

« En cas de retrait immédiat du glyphosate, il faudra partir à la recherche d’autres techniques mais cela coûtera plus cher et nécessitera plus de temps de travail. Comment voulez-vous que l’on soit compétitif au niveau international ? », s’indigne Vincent Guyot.

Une solution parmi d’autres

Erwan Caradec, polyculteur éleveur à Kervillerm, dans le Finistère, est en semis direct depuis 2009. « On a une caisse à outils et le glyphosate en fait partie au même titre que les couverts et la rotation. Son emploi n’est pas systématique, d’autant que dans nos systèmes on bouge peu le sol. Il y a donc moins de levées d’adventices », souligne-t-il. Erwan implante ses maïs avec un strip-till derrière méteil. Il passe l’herbicide total sur maïs pointant et n’a souvent pas besoin d’intervenir dans la culture. Après la récolte, les parcelles restent fréquemment propres et là encore l’emploi du glyphosate n’est pas automatique. « Je l’utilise de 0,5 à 1 l/ha en bas volume, avec entre 60 et 80 litres/ha d’eau. En effet, moins on le dilue, plus il est efficace », précise Erwan Caradec. Et le prix aussi est divisé par quatre. Pour lui, pas besoin d’ajouter d’adjuvant pour augmenter l’efficacité. En revanche, il l’emploie avec 80 % d’hygrométrie et une température autour de 15 °C, c’est-à-dire le soir ou le matin. Autre point d’importance : pour garantir l’efficacité, il met dans son pulvérisateur de l’eau de pluie, selon lui déminéralisée.

« S’il était interdit, il faudrait certainement passer en couverture permanente des sols, confie Erwan. A mon avis, il serait déjà souhaitable qu’il y ait des restrictions d’emploi car on ne peut pas utiliser le glyphosate n’importe comment. On voit encore trop de personnes l’utiliser à 3-5 l/ha et labourer dernière. »