Jusqu’à présent le système « blé-orge-colza » convenait bien aux sols avec une bonne réserve utile. Les résultats économiques étaient corrects. Depuis quelques années, les problèmes de désherbage jouent sur les charges et les rendements. L’équilibre économique de ce système se dégrade.
Raisonner à moyen terme
Des précédents excellents
Intégrer des cultures de printemps ou d’été dans la rotation permet de lutter contre les adventices. Le choix se fait d’abord sur la base de critères agronomiques, comme le type de sol ou l’effet « précédent ». Le soja, le pois ou le tournesol permettent, par leur cycle décalé, de réduire à terme la pression en adventices hivernales, et apportent, dans le cas des légumineuses, de l’azote aux cultures suivantes. Selon Terres Inovia et Arvalis, un blé tendre ou dur après un pois produit en moyenne 7,4 q/ha (1) de plus qu’un blé de blé. Un maïs de soja permet de réduire la dose d’azote de 30 à 50 unités par rapport à un maïs de maïs.
Une rentabilité variable
La rentabilité dépend évidemment du secteur géographique et des conditions pédoclimatiques. Les rendements des cultures de printemps varient énormément, surtout sans irrigation. « Sur une année, la marge peut être moins bonne que la culture d’hiver de référence. Mais l’agriculteur doit raisonner à moyen terme, sur cinq ans, et évaluer les effets sur les marges des autres cultures », souligne Vincent Lecomte, chargé d’études technico-économiques chez Terres Inovia. Dans le nord du Bassin parisien et en Normandie (2), le pois protéagineux et le blé tendre bénéficient de marges nettes moyennes comparables (276 €/ha en pois, 236 €/ha en blé tendre, aides comprises). Dans le centre de la France, la culture semble moins compétitive. Les organismes stockeurs proposent des prix bas autour de 180 €/t. La marge du blé tendre est meilleure. « Aujourd’hui, le pois est trop peu valorisé en France, mais il existe des filières plus rémunératrices en alimentation animale ou humaine, avec des prix supérieurs à 250 €/t », ajoute Vincent Lecomte.
Choisir un débouché
Des cultures de masse…
Parmi les cultures facilement commercialisables sans contrat, Bastien Lemain, conseiller à la FDGeda du Cher, recommande le maïs en sol profond ou le tournesol. « Bien que les surfaces aient diminué à cause des problèmes de ravageur, dans le Cher, le tournesol reste la meilleure marge des cultures non irriguées huit années sur dix. Il permet de lutter contre certaines graminées dans la rotation et assure une rupture du cycle des maladies des céréales. »
… Ou de niche
L’autre solution est de miser sur des cultures en contrat. Avec la recherche de protéine sans OGM, la filière soja se construit au nord de la Loire. Les cultures de niche, à forte valeur ajoutée, comme la coriandre, les haricots secs, ou les pois chiches se développent à dose homéopathique. « Aujourd’hui, le pois chiche est à 500 €/t, mais il peut s’effondrer si la production est trop abondante et non contractualisée. Il faut avoir une approche collective, contractualisée et pluriannuelle », conclut Vincent Lecomte.
(1) Moyennes sur 11 ans (2006-2016) au nord de la France.
(2) Données issues du CERFrance de l’observatoire Terres Inovia.