Détecter toute mutation permettant au virus de franchir la barrière des espèces. Telle est la priorité du gouvernement à l’heure où les États-Unis font face à un phénomène inhabituel, avec la transmission du virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 à des vaches laitières.
« En France, à ce jour, aucun cas humain n’a été détecté », rappelle le directeur général de la Santé, le Dr Grégory Emery, lors d’une conférence de presse organisée le 6 février 2025 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) et Santé publique France (SPF). Il ajoute que l’évaluation des instances internationales telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) classe actuellement le risque pour la santé humaine comme « faible » pour la population générale, et « faible a modéré » pour les professionnels en contact avec les animaux infectés.
Toutefois, l’évolution de la situation aux États-Unis, ainsi qu’au Royaume-Uni où un cas humain a été confirmé le 27 janvier, incite les autorités françaises à renforcer leur préparation face à l’émergence potentielle d’une souche transmissible entre humains.
Renforcer la stratégie de prévention
Au ministère de l’Agriculture, la ligne directrice reste de limiter au maximum la diffusion du virus et éviter les contaminations en élevage pour réduire la pression virale globale. « La prévention repose sur une stratégie articulée autour de trois piliers : la biosécurité, la vaccination obligatoire des canards et une surveillance accrue », explique la directrice générale de l’alimentation, Maud Faipoux. Ce dispositif mobilise les acteurs professionnels, scientifiques et institutionnels pour contenir la menace. De nouvelles recommandations seront diffusées dans les prochains jours aux professionnels de santé et aux éleveurs afin de garantir une réaction rapide en cas d’évolution du risque.
La France, qui n’a pas détecté de nouveaux foyers depuis un mois, a récemment retrouvé son statut « indemne (1) » auprès de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Cependant, ce statut ne signifie pas une absence de risque. « Le niveau de vigilance reste maximal : la maladie peut ressurgir », prévient Maud Faipoux.
Une attention particulière sur les vaches laitières
La situation observée aux États-Unis préoccupe particulièrement les autorités françaises, a ajouté le directeur général délégué pour la recherche et référence de l’Anses, Gilles Salvat. Le virus H5N1 a été identifié chez des vaches laitières, une espèce jusqu’alors considérée comme non sensible. « Lorsque le virus passe chez les bovins, il peut se multiplier de façon extrêmement intense dans la mamelle et être excrété par le lait », précise-t-il, avant d’ajouter qu’il peut y avoir jusqu’à 1 000 milliards de copies du virus par litre. La transmission semble donc se faire via les gouttelettes de lait, et à travers les équipements de traite.
Chez l’homme, les rares cas recensés sont principalement des conjonctivites. Aucune preuve formelle de transmission par consommation de lait contaminé n’existe à ce jour. Interrogée sur la stratégie qui serait mise en place en France si le virus venait à se propager dans les élevages laitiers, Maud Faipoux assure qu’il n’y aura pas d’abattage des animaux, ni de destruction du lait. En France, l’Anses travaille au développement de méthodes de détection du virus dans le lait, pour anticiper une éventuelle émergence.
(1) Un arrêté ministériel précise les niveaux de risque en fonction de l’exposition au virus, notamment via les flux d’oiseaux migrateurs susceptibles d’importer la maladie.