Lorsqu’elle entre dans son bâtiment d’élevage, au moins deux fois par jour, Karine Bel frappe à la porte, puis entame un parcours toujours identique. Ce rituel apaise ses volailles. Installée en 2012 avec deux bâtiments de 400 m² pouvant accueillir chacun 4 400 animaux, et 4 ha de parcours en herbe, Karine élève des poulets label rouge pour la coopérative Vivadour. Depuis plus de cinq ans, une à deux de ses trois bandes annuelles sont garanties sans antibiotique. Mis au point par la coopérative pour l’enseigne de grande distribution Casino, ce débouché lui rapporte 69 € par tonne de poids vif de plus que ses poulets label rouge classiques.

60 critères à respecter

« L’année dernière, nous avons à nouveau été contactés par Casino et trois associations (1) pour élaborer un cahier des charges garantissant cette fois le bien-être des volailles, confie Delphin Guillaumey, directeur des productions avicoles de Vivadour. Avec l’organisme de certification Qualisud, nous avons rédigé un référentiel et nos premières bandes ont démarré en août pour être commercialisées en novembre. Les poulets respectent les deux cahiers des charges “Sans antibiotique” et “Bien-être animal”, désormais liés. »

L’éleveur qui s’engage dans cette nouvelle filière doit respecter plusieurs critères. Comme Karine, il doit disposer de bâtiments dans lesquels entre la lumière naturelle, qui sont équipés de trappes donnant sur un parcours, et de volets permettant d’aérer et de maîtriser la température. Il faut aussi pouvoir chauffer la paille avant que les poussins d’un jour soient livrés. L’éleveuse allume le chauffage deux jours avant, pour atteindre 30 °C. « Tous les matins, après une vraie nuit de sommeil des poulets, je relève la température dans les bâtiments et la consommation d’eau pour savoir ce qu’ils ont bu en 24 heures, détaille-t-elle. Je surveille leur comportement, j’inspecte l’état de la litière et, chaque semaine, j’en pèse quatre-vingts. Ces paramètres sont des indicateurs de leur bonne santé et de leur bien-être. Je consigne tout quotidiennement pour réaliser le suivi. »

Pour répondre au nouveau cahier des charges, Karine a installé deux perchoirs et distribue du grit, petit gravier que les volailles aiment picorer. Il leur apporte des minéraux et facilite leur digestion. Elle aurait aussi pu enrichir le milieu avec des bottes de paille, des objets à piquer et des cordelettes suspendues. Mais comme les poulets sortent à 42 jours sur un parcours constitué d’herbe et de bois jusqu’à leur départ à 81 jours (minimum), ils trouvent tout cela en extérieur.

Cent vingt éleveurs des coopératives Vivadour et Euralis sont concernés par la filière « Bien-être animal » de Casino. Ils sont regroupés au sein d’Avigers, l’organisme de gestion du label. Mais les volumes écoulés par l’enseigne — 1,5 million de poulets sur l’année — ne sont pas encore suffisants pour que toutes les bandes bénéficient de cette valorisation. « Nous ne doutons pas que cela se développe rapidement, ajoute Delphin Guillaumey. Tous nos futurs bâtiments d’élevage seront équipés en conséquence. »

Florence Jacquemoud

 

(1) Compassion in World Farming France (CIWF),La Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA), Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA).