À la retraite de sa mère Yvette en 2008, Fabrice Chirouze s’est retrouvé seul à gérer l’exploitation laitière de 50 hectares située à Silhac, en plein cœur du parc naturel régional des monts d’Ardèche. Les installations successives de ses enfants Claire et Florent, en 2018 et 2021, sont venues ranimer le Gaec familial et apporter un nouveau souffle à la ferme, qui produit aujourd’hui des petits fruits et des broutards sur 90 hectares.

Développement des petits fruits

Contrairement à son frère, dont l’installation sur la ferme familiale était une « évidence », celle de Claire relève plutôt du « coup de tête », confie son père. Ce sont les petits fruits — framboises et mûres — que celui-ci cultivait sur un demi-hectare, qui l’ont décidée. À son arrivée dans le Gaec, elle a développé cette activité, qui représente sept ans plus tard, 75 % du chiffre d’affaires de l’exploitation.

Les tunnels de framboisiers seront bientôt débâchés pour limiter les dégâts sur les structures en cas de neige cet hiver. (©  Clémentine Vignon)

Framboises, mûres, myrtilles, cassis, groseilles rouges, blanches et à maquereau, mûrissent sur 3,1 hectares, répartis dans 66 tunnels bâchés pour les protéger de la grêle et de l’excès de pluie. « Autrefois, la plupart des fermes du coin produisaient des framboises », se souvient Fabrice Chirouze. « Tout a été arraché » lorsque la coopérative Viverfruits a fait faillite, en 1994, l’année de son installation.

Emplois saisonniers

Aujourd’hui, les Chirouze vendent leur production en Haute-Loire, au GIE Fruits rouges des monts du Velay, qui approvisionne des grossistes et l’enseigne Grand Frais. Ils ramassent les fruits de juin à octobre avec l’aide de saisonniers : une soixantaine de contrats Tesa (titre emploi simplifié agricole) sont signés chaque été. La main-d’œuvre représente ainsi une part importante des charges de l’exploitation. « Entre 30 et 35 % selon les années », estime Fabrice Chirouze.

Après la période de la récolte des fruits rouges en été, place aux vêlages des charolaises à l’automne. C’est à l’installation de Florent, en 2021, que le troupeau laitier a été converti en allaitant. « Le lait ne marchait pas bien, et ça devenait difficile de traire les vaches puis d’enchaîner avec le ramassage des fruits », remarque le jeune agriculteur de 28 ans. Coup de flair ou de chance, il a amorcé la transition vers l’allaitant « avant que le prix de la viande ne grimpe ». Les mères, qui coûtaient à l’époque 2 000 euros, en valent presque le double aujourd’hui.

Marché du broutard porteur

Par ailleurs, le marché du broutard est porteur, avec un prix de vente à 5,90 €/kg vif, soit plus de deux euros par rapport à 2024. « En 2019, chez mon ancien patron, on vendait les broutards 2,60 €/kg vif », compare Florent Chirouze. S’il envisage un jour de produire des bovins finis, il reporte pour l’instant cet investissement. Son projet immédiat est d’augmenter le troupeau pour atteindre 35 mères contre 30 aujourd’hui. Dans cette optique, il vient d’acquérir une parcelle de 15 ha.

En moins d’une décennie, l’exploitation familiale a changé de visage. Cette métamorphose se ressent dans le chiffre d’affaires, multiplié par quatre. « Je suis fier que l’entreprise familiale fonctionne bien », se félicite Florent Chirouze. En attendant le retour de Claire, actuellement en congé parental, père et fils embauchent un salarié trois jours par semaine.