Les Groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec) sont de plus en plus nombreux à rechercher des associés sans en trouver. C’est le cas en région Centre-Val de Loire. « Très souvent, un jeune a l’impression que pour devenir agriculteur, il doit créer sa propre ferme, explique Nicolas Petit, éleveur à Villemoutiers, dans le Loiret. Il risque pourtant de galérer deux fois plus à débuter seul. » Toutefois, en société, des préalables s’imposent, y compris dans un cadre familial.

Âgé de trente-cinq ans, Nicolas Petit s’est installé en Gaec en 2010, avec son frère Benjamin, de trois ans son cadet et son père, Gérard. « Nous nous sommes toujours bien entendus, mais nous savions qu’il pouvait y avoir des tensions. »

C’est pourquoi les discussions ont débuté entre eux dès 2006, quand Nicolas est arrivé en tant que salarié sur l’exploitation familiale. « Notre père a très vite compris que s’il ne lâchait pas du lest, je ne resterais pas, raconte le jeune éleveur. Au départ, rien de ce que je faisais n’allait. Ça n’était pas sa façon de travailler et moi, je ne voulais pas retrouver un patron ».

La famille s’est alors prêtée à une série d’audits, proposés par leur centre de gestion. « Nous avons passé quelques entretiens, poursuit-il. Au final, ça nous a surtout permis de nous faire prendre conscience qu’il fallait qu’on parle. On a alors tout remis à plat. »

La chance a aussi facilité leur démarche : en 2010, deux exploitants du village ont cédé en même temps leur ferme d’environ 40 hectares chacun, ce qui a permis ainsi aux deux jeunes de s’installer à la même date et, globalement, avec le même capital social.

Même point de départ

« Mon père a, de son côté, transformé son exploitation en Gaec et racheté les deux autres », ajoute Nicolas. Il a fallu aussi gérer les capitaux propres du père, qu’il a finalement choisi de transformer en parts sociales. « Au moment de notre installation, nous étions ainsi tous les trois à valeur zéro. »

La famille Petit exploite aujourd’hui 120 hectares, élève 125 vaches laitières et une soixantaine de taurillons. « Sans le Gaec, nous n’aurions pas pu mener un tel projet. Notre exploitation a pris de la valeur et peut aujourd’hui intéresser d’éventuel repreneur. » Car Nicolas s’est toujours gardé cette possibilité : « Je ne serai peut-être pas agriculteur jusqu’à ma retraite, ça ne m’embête pas. » Gérard devrait, quant à lui, la prendre progressivement à partir de 2018. Il prévoit, en effet, de continuer à donner des coups de main à ses deux fils jusqu’au bout.