Au printemps, dans les Monts du Lyonnais, les vergers de cerisiers en fleurs offrent de magnifiques paysages constellés de blanc. Les conditions climatiques, l’exposition, l’altitude font de cette région une zone privilégiée pour cette culture.
« Si au niveau national, la production de cerises a tendance à régresser, dans notre secteur, c’est tout le contraire. Chaque année, de nouvelles plantations voient le jour. Dans la région, le taux de renouvellement du verger est de l’ordre de 25 % », explique Franck Chaverot. Il cultive 14 ha de cerisiers à Bibost, dans le Rhône, en complément de son élevage de bovins lait. En 2008, soit quatre ans après son installation avec un tiers, le Gaec est dissous.
Franck récupère ces deux productions en individuel. « Mais j’ai toujours été plus attiré par les fruits que par les bêtes. » C’est pourquoi il choisit de conduire son élevage laitier en système extensif, tandis qu’il fait très vite évoluer ses surfaces en vergers, passant de 3 ha en 2008 à 15 ha aujourd’hui, dont 1 ha en mirabelles, le reste en cerises.
Expéditeurs locaux
Toute sa production fruitière, soit près de 85 tonnes de cerises et 12 tonnes de mirabelles en année normale, est vendue à un expéditeur privé local situé à 4 km du siège de l’exploitation. « J’annonce en début de saison mon potentiel de production selon les variétés. Puis, en pleine saison, je fais savoir mes volumes au jour le jour, explique le producteur. Nous avons la chance d’avoir dans notre secteur deux expéditeurs spécialisés en cerises très dynamiques. Ils se démènent chaque année pour que la saison se passe bien, aussi bien pour eux que pour nous. Ils sont force de propositions pour notre filière. C’est un réel avantage. » Ces deux expéditeurs et les 140 producteurs de cerises de la région se sont d’ailleurs regroupés au sein de l’interprofession Califruit. Ils ont lancé en 2017 la marque « Eh cherry » pour asseoir commercialement la notoriété de leur produit, fédérer les producteurs ainsi que metteurs en marché et rendre incontournable leur marque auprès du public. Cela s’est traduit notamment par la mise en place d’un emballage identique pour les deux expéditeurs et une campagne de communication commune.
Restructurer le verger
Dans cette région tardive, située entre 300 et 600 m d’altitude, les premières cerises arrivent à maturité aux alentours du 25 mai. « Généralement, cela correspond à la période où il y a un petit creux dans la vallée du Rhône, les prix sont donc intéressants pour nous. » Chez Franck Chaverot, une quinzaine de variétés de cerises sont cultivées sur l’exploitation, dont 70 % de variétés tardives comme cordia, regina, staccato ou encore sweetheart. « Nous étalons les récoltes jusqu’au 20 juillet. La tardivité est un créneau porteur pour la plupart des producteurs du secteur. Cela nous permet d’obtenir des bons prix d’arrière-saison », précise-t-il. L’année dernière, les volumes et les calibres ont été très hétérogènes à cause d’un gel de printemps, les prix aussi. « En moyenne, sur toute la saison, ils ont varié entre 1,25 à 3,50 €/kg suivant le calibre, la variété et la période de commercialisation. »
Sur les 14 ha de cerisiers que cultive Franck, 4 ha sont de jeunes plantations pas encore entrées en production. Ces nouvelles surfaces sont toutes irriguées. « Je n’envisage pas d’implanter des cerisiers s’ils ne peuvent pas être arrosés. C’est une des clés de réussite de la production si on veut du volume et des calibres », explique l’arboriculteur. Il sait aussi que la protection est essentielle aussi bien contre les aléas climatiques ou les insectes comme la Drosophila suzukii, qui sévit depuis une dizaine d’années.« Dans un objectif de sécurisation, mes nouveaux vergers sont tous palissés en palmette, type pommier. Cela facilite la future mise en place et la solidification des filets antipluie et antigrêle. Bien que cette protection ait un coût, environ 50 000 €/ha, j’estime qu’elle a du sens. Je préfère avoir moins de surfaces en production, mais qu’elles soient toutes sécurisées. » À terme, Franck aimerait se spécialiser dans la production de cerises et laisser la partie élevage à son fils, actuellement salarié de l’entreprise.