« Les brebis qui ont pâturé nos vergers n’ont pas endommagé les pommiers, déclare d’emblée Marc Bassery, responsable de l’exploitation du lycée agricole de Saint-Yrieix, en Haute-Vienne. Nous avions une appréhension avant de nous lancer dans l’expérimentation Brebis-Link (lire l’encadré), car les arbres des vergers basses tiges constituent un précieux outil de production. »
Les deux années de tests passées (2018 et 2019) ont permis de lever les craintes. « Mieux vaut privilégier les brebis aux agnelles, car elles sont moins joueuses », précise le directeur. La deuxième année, moins de 1 % des arbres avaient des traces de morsures. « Les attaques sur les troncs interviennent quand la ressource vient à manquer. »
Généralisation de la technique
La technique comporte de nombreux atouts, en particulier économiques car elle évite de broyer la ressource ou d’appliquer un désherbant. En outre, la valorisation par les animaux de la ressource riche (0,98 UFL/kg de MS et 100 g de PDI/kg de MS) évite de puiser dans les stocks de foin, précieux dans un contexte de sécheresse récurrente.
Le dispositif, testé en 2019, servira de guide pour les prochaines années. « 52 brebis taries (charollaises × suffolks × vendéennes) sont restées sept jours dans un verger de 1,2 ha de pommiers golden conduit en conventionnel », explique le responsable.
L’herbe mesurait 6,8 cm à l’entrée et 2,5 cm en sortie. « Les brebis ont exploré la parcelle de façon homogène en suivant les rangs. Elles ont changé de zones de couchage, ce qui n’était pas le cas l’année précédente parce que nous avions choisi de complémenter les agnelles qui venaient de lutter. Du coup, elles étaient restées autour du nourrisseur. »
Les sept jours de pâturage représentent une économie de plus de 700 kg de MS de foin (52 brebis × 2 kg de MS/j × 7 j). « C’est un soulagement car le chargement est élevé sur l’exploitation », indique Marc Bassery. Les économies devraient augmenter car quelques voisins pomiculteurs sont candidats pour accueillir des brebis sur leurs parcelles. Les autres vergers bio seront eux aussi pâturés. Des mesures sont en cours pour évaluer l’impact sur les animaux des reliquats du sulfate de cuivre et du soufre nécessaires à la conduite « bio » des pommiers. Les relevés concernant le bien-être (note d’état corporelle, salissures et boiteries) n’ont pas décelé de problèmes particuliers.
M.-F. Malterre