Le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), la station d’expérimentation de La Morinière, en Indre-et-Loire, et le centre de Lanxade, en Dordogne, cherchent des systèmes de verger qui rendraient plus efficaces l’action des robots, et simplifieraient les activités de main-d’œuvre (la taille, l’éclaircissage, la récolte…).

Aujourd’hui, 90 % des vergers français sont sur un seul axe vertical, ce qui donne une haie fruitière parfois très haute, proche de 4 m. Ces contraintes, nécessitant de plus en plus d’équipements, constituent un écueil économique. « Tous les experts s’accordent à dire que l’arbre fruitier étroit est le profil idéal. Nous avons donc étudié les arbres en double axe », explique Christian Lavoisier, le responsable de l’expérimentation à La Morinière. Pour cela, les ingénieurs souhaitent obtenir une sorte de « mur fruitier ». Des études avaient été engagées en 2006 sur les arbres biaxe. Néanmoins, la taille mécanisée à l’aide d’une barre de coupe n’avait pas apporté les résultats escomptés.

En 2015, deux nouveaux vergers ont été plantés à La Morinière : un avec des arbres biaxe (plant de deux ans) ou Bibaum (technique déposée, plant d’un an), et un témoin à axe vertical. Dans le verger double axe, la distance entre rangs, aujourd’hui standardisée à 4 m, a été diminuée à 3,50 m. La hauteur des arbres diminue de facto à environ 3 - 3,5 m.

À cette hauteur, le temps d’exécution des différentes opérations culturales est beaucoup plus rapide. Mais est-ce que les résultats agronomiques sont toujours aussi satisfaisants ? « Nous en sommes à la deuxième année. Il est encore trop tôt pour porter un jugement objectif. Mais les résultats sont encourageants », souligne Claude Coureau, responsable de la station de La Morinière.

Résultats supérieurs

En deuxième récolte, pour la variété gala, les rendements sont supérieurs à la référence en axe vertical (26,7 tonnes contre 21 tonnes par hectare), sans affecter le calibre des fruits. La coloration des fruits est meilleure.

Pour la variété jazz, les rendements en Bibaum sont inférieurs à ceux de l’axe vertical. Néanmoins, cela s’explique par la qualité du scion, bien supérieure en axe vertical. Lorsqu’on opte pour un plant de biaxe de deux ans, cette fois, la production est comparable à la référence conduite en axe.

« La qualité du jeune plant en biaxe, préformé en pépinière, reste un élément clé de la réussite du verger. Il faut les commander deux ans avant chez le pépiniériste », note Christian Lavoisier. En cas de replantation, cette technique nécessite de revoir l’infrastructure du verger (poteaux, filet anti-grêle, irrigation…). Un coût supplémentaire d’environ 30 % par rapport à une replantation classique. Des études technico-économiques vont être réalisées chez des producteurs du Val de Loire.