Au cours de la campagne de 2023, les maladies classiques du feuillage de l’orge d’hiver (helminthosporiose, rhynchosporiose, rouille naine, etc.) se sont régulièrement exprimées avec des variantes régionales. En fin de cycle, la ramulariose, que l’on voyait avant plutôt dans des zones ouest océaniques, s’est manifestée au nord du territoire et davantage encore dans le Sud-Ouest. « La campagne restera en mémoire avec de fortes attaques de ramulariose », estime Jérôme Thibierge, chez Arvalis.

Adopter les principes de la protection intégrée

Toutefois, dans ses essais, l’institut n’a pas mis en évidence de réelles différences significatives entre les modalités sur les maladies. Pour la campagne à venir, Arvalis conseille d’adopter les principes de la protection intégrée. De plus, les recommandations pour 2024 restent de n’employer qu’un seul SDHI par campagne afin de préserver les solutions existantes. La dernière note commune éditée par l'Inrae, l’Anses et Arvalis rappelle que « la résistance aux SDHI, détectée dans les populations européennes depuis 2012, a constamment progressé ».

Sur des variétés peu sensibles (telles que Fascination, KWS Joyau, SY Scoop, Comtesse, LG Casting…), et en présence d’une faible nuisibilité (inférieure à 10 q/ha), une stratégie à un seul traitement entre la  dernière feuille étalée et la sortie des barbes (T2) est préconisée. Par exemple (1), à l’aide de Kardix (bixafen + fluopyram + prothioconazole) 0,8 l, Librax (fluxapyroxad + metconazole) 0,9 l, ou Revystar XL (mefentrifluconazole + fluxapyroxade) 0,75 l.

Sesto sur ramulariose

Toutefois, dans le cas de semences traitées Systiva (SDHI), Arvalis conseille d’opter pour un traitement foliaire à base de triazole et de strobilurine, tel que Curbatur (prothioconazole) 0,4 l + Comet 200 (pyraclostrobine) 0,4 l. Kardix 0,7 l + Sesto 1,2 l pourra aussi être employé. « Sesto composé de 500 g/l de folpel et commercialisé par Adama a en effet obtenu une extension d’usage sur orges. Cela ajoute un mode d’action multisites pour lutter contre le complexe parasitaire, et plus particulièrement contre la ramulariose », explique Jérôme Thibierge.

Sur des variétés moyennement sensibles (par exemple : Etincel, Intégral, Majuscule, KWS Borrelly…), et avec une nuisibilité entre 10 et 15 q/ha, l’impasse au T1 (1 nœud) est envisageable si les maladies ne sont pas présentes tôt. Sinon, Unix Max (cyprodinil) 0,6 l + Meltop One (fenpropidine) 0,3 l ou Input (prothioconazole + spiroxamide) 0,35 l pourront être employés pour le premier traitement. Et le T1 pourra être complété avec un produit à base de 90 g/l de metconazole si la rouille naine apparaît précocement.

Quant au T2, plusieurs possibilités sont possibles. Avec un complexe varié de maladies, mais sans helminthosporiose : Fandango S (prothioconazole + fluoxastrobine) 1,5 l ; ou Madison (prothioconazole + trifloxystrobine) 0,75 l en cas d’emploi d’Unix Max + Meltop One en T1. Avec un produit à base prothioconazole en T1, cette fois on optera par exemple au T2 pour Revystar XL 0,7 l. Mais si ce champignon est présent de façon significative, il faudra partir sur une solution « triple » au T2 : Elatus Era (benzovindiflupyr + prothioconazole) 0,6 l + Amistar (azoxystrobine) 0,3 l ; ou si le T1 contenait du prothioconazole, plutôt un traitement à base de Zoom (fluxapyroxad + mefentrifluconazole) 0,55 l + Comet 200 0,27 l.

On appliquera le même raisonnement avec des orges sensibles aux maladies (KWS Faro, Constel, LG Zodiac…) et une nuisibilité supérieure à 15 q/ha. Il faudra opter pour le même type de T1 mais pour des doses un peu plus fortes en T2, comme Elatus Era 0,7 l + Amistar 0,35 l ou Zoom 0,65 l + Comet 200 0,33 l, etc.

(1) La liste des programmes cités n’est pas exhaustive et dépendra des conditions pédoclimatiques.