Cela fait maintenant plusieurs mois qu’InVivo et Kronenbourg ont lancé leur filière des « orges responsables », qui s’est ensuite enrichie par son volet de « traçabilité ». Selon Philippe Vincent, directeur des filières chez Soufflet Agriculture, « elle a eu un très bon accueil sur le terrain ».

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Une « vitrine » pour l’agriculture

« Nous sommes en train de commencer à contractualiser pour 2024, précise Philippe Vincent. C’est la première filière proposée pour les orges de brasserie, et je suis très confiant sur la possibilité de la déployer. C’est une vitrine qui montre que les agriculteurs peuvent faire des choses. »

Il n’existe pas d’équivalent à l’international. « En France, on a souvent tendance à dire qu’on est moins bons que les autres, estime-t-il. Mais on a une agriculture qui est exceptionnelle, il faut qu’on en ait conscience et qu’on la supporte. »

10 % de SIE

Pour chaque tonne engagée, les agriculteurs touchent une prime que la filière ne souhaite pas communiquer. « La prime couvre les éléments du cahier des charges », assure-t-il. Celui-ci est basé sur le niveau 2 de la certification environnementale, mais intègre des critères supplémentaires. Ils visent notamment à « renforcer la biodiversité et à réduire l’empreinte carbone », explique Philippe Vincent.

Concrètement, cela se traduit notamment par une hausse de la biodiversité cultivée et des surfaces d’intérêt agroécologiques (SIE). « Cette année, plus de la moitié des agriculteurs ont entre 6 et 8 cultures sur leur exploitation, chiffre-t-il. Près de 10 % des surfaces étaient en SIE, soit le double que ce qui est demandé réglementairement. »

Pour la production de 2022, l’empreinte carbone des orges de la filière a été calculée à 334 kg CO2/t, contre une référence nationale de 409 kg CO2/t en conventionnel, selon la base de données Agribalyse. « C’est conforme à ce que l’on espérait », commente Philippe Vincent.

De 250 à 300 agriculteurs d’ici à 3 ans

Du côté des consommateurs, le concept semble aussi bien fonctionner. Un QR code imprimé sur le packaging des bières blondes 1664 permet d’accéder rapidement aux informations sur la démarche. « À la fin de mai 2023, plus de 44 000 visites ont été enregistrées sur la plateforme de traçabilité, avec un temps de visite moyen d’environ 3 minutes, indique Eva Demonière, cheffe de produit pour la 1664. Nous sommes très satisfaits de ces résultats. Et l’évolution est positive mois après mois, c’est encourageant pour la suite. » Selon la filière, les engagements des différents partenaires font partie des rubriques qui suscitent le plus d’intérêt des consommateurs.

Pour la première récolte, en 2022, 45 agriculteurs engagés ont produit 6 500 tonnes d’orge en filière, sur environ 900 hectares dans le Grand Est et en Bourgogne. 120 agriculteurs ont participé à la démarche pour la récolte de 2023. L’objectif dans 3 ans est de travailler avec 250 à 300 agriculteurs et 5 000 hectares, pour que l’intégralité de l’orge utilisée pour la fabrication des bières blondes de marque 1664 soit produite dans le cadre de cette filière.

La transformation de l’orge responsable tracée a lieu dans les malteries Soufflet, à Strasbourg, puis à la brasserie Kronenbourg d’Obernai. Ce site, qui produit 25 % de la bière consommée en France, est la plus grande brasserie de l’Hexagone (69 hectares).