Traiter de gros volumes de déchets verts nécessite un savoir-faire, une logistique bien huilée, et des moyens techniques adaptés. Née en 1994 à Limours-en-Hurepoix (Essonne), Zymovert est aujourd’hui l’une des plus importantes compostières françaises. Son fondateur, Bruno Daix, recherchait un amendement organique bon marché pour ses terres, et une diversification pour son exploitation agricole. Il s’est appuyé sur le procédé Végéterre, mis au point par l’Ademe (1). Grâce à ce soutien technique et financier, il se lance dans d’importants investissements. Il visite aussi plusieurs chantiers en Allemagne et aux Pays-Bas, pays leaders dans le domaine. Étendue sur 3 ha, la plate-forme traite désormais chaque année 25 000 t de végétaux et produit 12 000 t de compost destinées à l’agriculture, aux parcs et jardins et aux particuliers. L’entrepreneur a fait construire une dalle ventilée de 5 000 m² qui permet d’aérer les andains en cours de fermentation, et de limiter les nuisances olfactives.
En pleine progression de son activité, Bruno investit en 2008 dans un retourneur d’andains allemand Backhus 6.70. Cet automoteur, l’un des plus puissants du marché, est doté d’un moteur Cummins QSX 6 cylindres diesel de 600 ch. Sa capacité de retournement est de 2 000 t de matière à l’heure. Ce mastodonte de 7,40 m de large et 5,30 m de haut « n’est pas compliqué à conduire », dixit son pilote.
Conduite au joystick
Dans la cabine climatisée, Fabrice, technicien agricole, utilise une manette munie de boutons de commande en guise de volant. Ce joystick lui permet de mettre en route le rotor, de lever ou baisser le panneau arrière pour démarrer le tas de compost, et de lever ou baisser le rotor sur l’andain. La pression optimale du rotor est réglée entre 180 et 200 bars. La vitesse du retourneur est de 2 à 3 km/h sur un compost humide, et de 4 à 5 km/h sur des matières plus sèches. En positionnant un enrouleur sur le côté, Fabrice peut arroser tout en retournant. Autrement dit, avec cet engin puissant, les andains de 3 m de haut sont traités en quelques heures alors que le même travail prenait une semaine auparavant, lorsqu’il utilisait un retourneur tracté Willibald TBU 3000. Retourner plusieurs fois par mois est essentiel pour relancer et homogénéiser les fermentations. D’ailleurs, le nom Zymovert est inspiré de « zymothermie », zymo pour enzymes et thermie pour l’élévation de température.
Injection d’air
Continuellement, feuilles, herbe coupée, branchages, troncs d’arbres ou souches arrivent en provenance de la vallée de Chevreuse et de sociétés paysagistes. Ces déchets passent au broyeur Crambo de 480 ch et d’une capacité de 40 t/h. Puis une chargeuse dépose le mélange obtenu sur les lignes munies de buses d’injection d’air situées au sol. La température de chaque andain est surveillée à l’aide de sondes qui affichent 70 à 80 °C. Ce paramètre est déterminant pour l’hygiénisation du compost. Des alarmes se déclenchent en cas de température trop faible et de l’air est injecté par la soufflerie. Une fois par jour, Nicolas, le responsable du chantier, vérifie les paramètres.
Les quatre semaines de fermentation achevées, de nouveaux tas sont formés pour la phase de maturation. Des milliards de bactéries mésophiles vont continuer d’aseptiser la biomasse. Pour obtenir un amendement organique « bien mûr », 8 à 10 semaines sont nécessaires. Il passera ensuite au crible Trommel (voir encadré) avant d’être livré aux jardiniers et aux agriculteurs.
(1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.