Pour estimer la qualité de travail de leurs distributeurs d’engrais solides, les constructeurs ont recours à deux outils : le passage au banc de contrôle dit transversal, ou le test en 3D développé par l’Irstea (1). La seule installation permettant de tester les épandeurs de grande largeur sur un banc transversal est la station danoise de Bygholm. Ce hangar de 60 m de large possède la particularité de n’avoir aucune poutre au centre de la structure, afin de ne pas perturber la trajectoire des engrais.

Concrètement, le distributeur est attelé à un tracteur circulant sur une passerelle bordée par 25 m de fosse de part et d’autre. Le sol de la station est recouvert des granulés épandus lors des tests précédents afin de limiter le rebondissement de l’engrais et leur chute involontaire dans la fosse. Dans celle-ci, sont disposés des bacs de 50 cm qui collectent tous les granulés. Sous chaque bac, un tube de descente les dirige vers un système de pesée.

Une courbe classique

Les ingénieurs disposent ainsi en temps réel d’un graphique représentant la répartition de l’engrais sur toute la largeur d’épandage. Mais ce dispositif s’avère limité car cette courbe est une représentation très simplifiée de l’épandage. Elle matérialise les quantités globales de fertilisants épandues transversalement à un point donné de la trajectoire de l’épandeur, mais ne donne pas la possibilité de connaître la forme de la nappe d’engrais distribuée au sol.

Afin de pallier ce problème, les ingénieurs de l’Irstea ont développé un banc d’essai permettant de dessiner la nappe d’épandage totale en faisant tourner l’épandeur sur lui-même, autour de l’axe du disque.

Une modélisation en 3D

Les spécialistes peuvent ainsi éditer la nappe distribuée secteur angulaire par secteur angulaire, en utilisant une pesée instantanée synchronisée de tous les bacs collecteurs constituant le banc. Ces derniers sont positionnés à poste fixe sur 40 m de long. Le dispositif convient donc au test des appareils de très grandes largeurs, là où l’essai avec les bacs n’est plus physiquement possible. Selon l’Irstea, il faut moins de deux minutes pour établir une image spatiale de la nappe d’épandage, là où trente minutes sont nécessaires par passage pour la solution danoise.

Avec cette station de modélisation, les constructeurs analysent l’impact de différentes vitesses de rotation du disque, de la longueur des pales ou de l’inclinaison du distributeur. Cette solution a remporté un tel succès que la plupart des fabricants se sont équipés de leur propre banc de modélisation 3D.

(1) L’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.