Adapter la dose en fonction des besoins de la végétation est l’objectif de chaque apport d’engrais. Bien qu’elle reste encore assez coûteuse, la modulation intra-parcellaire se développe.
Ainsi, deux ans après le lancement de son service BeApi, InVivo estime que 100 000 hectares seraient cultivés en modulation intraparcellaire, avec des typologies d’exploitations très variées. Selon Cap Seine, la coopérative normande pionnière dans ce domaine, 42 % de ses adhérents seraient prêts à se lancer dans la modulation d’ici à cinq ans. Une grande partie de cette modulation est réalisée avec des épandeurs d’engrais solides, notamment pour l’ammonitrate et la fumure de fond.
Pour se lancer dans la modulation intraparcellaire, il est indispensable d’avoir un distributeur d’engrais équipé de la pesée en continu afin de contrôler le débit en permanence. Les agriculteurs qui souhaitent se lancer à moindre frais peuvent réaliser la modulation manuellement, en suivant une carte imprimée. Néanmoins, pour plus d’efficacité et de confort, la modulation automatique pilotée par GPS est la solution recommandée par tous les constructeurs.
Piloter en temps réel
Avant de s’appeler N-Pilot sous les couleurs de Borealis, c’est le fabricant d’engrais GPN, filiale du groupe pétrolier français Total, qui commercialisait le GPN-Pilot, l’outil utilisant la réflectance des cultures.
Plusieurs concurrents coexistent aujourd’hui pour proposer un pilotage de la fertilisation azotée à partir de ce principe de capteur. Si des solutions s’utilisent toujours manuellement et en mode piéton sur la culture, d’autres sont intégrées au passage du distributeur d’engrais pour une utilisation immédiate. Développés pour le travail sur céréales à paille, ces appareils peuvent désormais être utilisés sur colza.
Actuellement, Claas, Kuhn ou encore Yara proposent un dispositif similaire embarqué.
Grand choix de cartes
Par imagerie satellite ou par drone pour la fertilisation azotée, à partir de prélèvements de sols pour la fumure de fond, les solutions pour élaborer les cartes de préconisation sont nombreuses et chaque coopérative est en mesure de proposer sa propre solution.
John Deere collabore actuellement avec Airbus Defence and Space pour développer un outil d’aide à la décision dans la gestion de l’azote. L’idée est de combiner les données recueillies au niveau du tracteur avec l’imagerie par satellite. Le LiveNBalance demande aux agriculteurs d’entrer la quantité d’azote disponible au début du cycle de la plante. L’azote et l’ammoniac contenus dans les engrais organiques peuvent ensuite être mesurés avec le dispositif Manure Sensing de John Deere. À partir de la documentation parcellaire réalisée sur le terminal du tracteur, Live NBalance prend en compte l’apport total en azote minéral. Durant la campagne, les images satellites fournissent des informations sur l’assimilation en continu de l’azote, la quantité disponible au niveau de la plante, les zones de manque et d’excès. À partir de ces informations, l’agriculteur peut ajuster les épandages suivants.
Moduler les deux côtés
Jusqu’à présent, la modulation effectuée à partir d’une carte de préconisation gérait une dose unique sur toute la largeur. Lancée en 2016, la modulation indépendante et automatique du côté droit et du côté gauche permet de réduire les surdosages et les sous-dosages dans les zones de transition, c’est-à-dire là où les doses préconisées changent. Pour ce faire, le GPS combiné à la carte de préconisation envoie les informations à l’ordinateur de bord. Grâce au protocole Isobus, le module de contrôle de l’épandeur envoie l’information sur les sections qui composent sa nappe vers le contrôleur de tâches de la console, sous forme d’un fichier IsoXML. Ce fichier affecte le doseur du disque de gauche à la moitié des sections, et celui du disque de droite à l’autre moitié. Le contrôleur de tâche est également capable de recevoir, traiter et renvoyer les doses cibles pour chaque doseur selon les positions de l’antenne GPS.