En 2021, Arvalis et ses partenaires ont testé une gamme d’engrais organiques sur blé tendre bio. L’objectif : évaluer les alternatives aux produits issus d’élevages industriels, dont l’usage est désormais interdit en bio. 60 kgN/ha ont été appliqués lors du tallage sur divers essais en France.

Etudier les alternatives

« Tous les apports ont augmenté le rendement, indique Grégory Véricel, ingénieur chez Arvalis. Les engrais végétaux perlés ressortent en tête, avec + 9,7 q/ha par rapport au témoin non fertilisé. » Viennent ensuite le digestat issu du méthaniseur (+ 6,8 q/ha), les fientes déshydratées (+ 6,3 q/ha), les vinasses concentrées de betterave sucrière (+ 6,3 q/ha), les bouchons de protéines animales transformées ou PAT (+ 6,0 q/ha), et les fientes brutes (+ 3,9 q/ha).

Les teneurs en protéines ont aussi été évaluées. Avec - 0,3 point par rapport au témoin, « on constate un léger effet dépressif sur la protéine du digestat et des fientes brutes », indique l’ingénieur. Cela pourrait s’expliquer en partie par l’effet de dilution de l’azote. Ce sont les bouchons PAT qui permettent d’obtenir les teneurs en protéines les plus élevées (+ 0,3 point).

Références économiques

Pour juger de l’intérêt économique de la fertilisation, Arvalis a exploré deux hypothèses. La première se base sur les prix des engrais relevés en 2020-2021. En moyenne dans cette situation, l’apport d’engrais est rentable, à l’exception des fientes brutes. Les bouchons PAT sont en tête, avec + 129 €/ha de marge, « grâce à leur effet sur le taux de protéine », explique Grégory Véricel. Ils sont suivis de peu par les fientes sèches et les engrais végétaux perlés.

La deuxième hypothèse prend en compte une hausse des coûts des engrais, de l’ordre de + 0,5 €/kgN sauf pour les engrais végétaux perlés : + 1 €/kgN. Le classement reste le même, mais le gain de marge diminue ; l’apport de vinasse n’est plus rentable. Les résultats sont détaillés dans le dernier « Choisir & décider » dédié aux céréales à paille en agriculture biologique (1).

Cours actuels

Depuis ces travaux, les cours des intrants, de l’énergie et des matières premières se sont renforcés. Quels enseignements peut-on tout de même en tirer ? Si le deuxième scénario semble le plus pertinent vu le contexte, selon Grégory Véricel, il est compliqué de se projeter : « L’évolution la plus impactante dans les scénarios économiques est sans doute l’évolution des prix du blé. »

Dans ses travaux, Arvalis s’est basé sur un blé fourrager (taux de protéines < 10 %) à 300 €/t, un blé panifiable (> 11 %) à 450 €/t et un blé intermédiaire à 400 €/t. Mais compte tenu de la volatilité des cours, il est « difficile d’avoir une vision à moyen terme ». Il a aussi peu de visibilité sur les prix des engrais. L’effet de la hausse du prix du carburant sur le coût d’épandage serait minime, celui-ci prenant également en compte l’amortissement du matériel. H. Parisot

(1) www.arvalis-infos.fr/cereales-a-paille-conduites-en-bio-telechargez-la-synthese-des-essais-2019-@/view-31042-arvarticle.html