Parents, expliquez votre projet de succession à vos héritiers

« La liquidation d’une succession a toutes les caractéristiques d’une tragédie classique ! » avance Frédéric Lucet du cabinet Family & Co (1). Cet ancien notaire l’a réalisé au bout de plusieurs années de pratique : « Nous sommes dans la bienséance et la vraisemblance mais aussi dans trois unités (action, lieu, temps) ».

« Des paix qui s’ouvrent mais aussi des guerres qui s’enclenchent »

Les choses se passent en effet chez le notaire qui réunit tous les héritiers en un temps réduit. C’est le moment de faire les comptes, de connaître les actifs mais aussi toutes les dettes, y compris les dettes émotionnelles. « Il y a des paix qui s’ouvrent mais aussi des guerres qui s’enclenchent », poursuit-il. Derrière les histoires d’argent se posent des questions sur la place de chacun dans la fratrie, mais aussi dans le cœur du défunt.

Alors pour éviter que la famille n’implose, Hélène Abelson Gebhardt, médiatrice, considère que c’est aux parents d’expliquer de leur vivant leur projet ou leur testament. « Et s’ils ont décidé d’avantager untel, dire pourquoi. Il ne faut pas que les héritiers le découvrent au décès. »

Communiquer avec ses héritiers

Quand, en tant que notaire, Frédéric Lucet voyait un testament atypique où la quotité disponible n’était pas respectée, il demandait au testateur de rédiger une lettre d’accompagnement précisant pourquoi il dérogeait à la règle. Son conseil est encore plus utile dans le cas de familles recomposées. Les héritiers ont d’avantage besoin d’avoir la « traduction » de leur père ou de leur mère quand celui-ci ou celle-ci a refait sa vie et qu’il y a des enfants de plusieurs unions.

Et la médiatrice de conclure : « Parfois un frère réclame à un autre avec du ressentiment, mais il se trompe d’interlocuteur. En réalité, c’est aux parents qu’il aurait fallu s’adresser. » Le rôle de ceux-ci est donc primordial. Il est nécessaire qu’ils expliquent de leur vivant quels sont leurs choix successoraux.