Le magazine Le Point a la bonne idée de publier actuellement un hors-série intitulé Leçons de choses, illustré de 70 planches de Deyrolle sur la botanique, l’anatomie, la zoologie, la physique… Créées en 1830 par Jean-Baptiste Deyrolle, taxidermiste au musée d’Histoire naturelle de Lille et féru d’entomologie, ces fameuses planches servaient de support pédagogique à ces leçons de choses qui allaient révolutionner l’enseignement primaire au milieu du XIXe siècle, avec ce souci de privilégier l’observation avant de passer à la théorie. « Un beau tableau vaut mieux qu’un long discours, pourvu qu’il soit rigoureusement exact », considérait Deyrolle.

Ces planches ont meublé les murs des écoles primaires en France mais aussi dans bien d’autres pays, pendant un siècle jusqu’en 1969. Depuis, les réformes scolaires se sont succédées, les techniques d’enseignement ont beaucoup évolué, – de l’arrivée du numérique aux neurosciences –, les leçons de choses sont devenues des sciences du vivant, mais les planches Deyrolle demeurent pour beaucoup, dont je suis, une sorte de « madeleine de Proust », au même titre que le tableau noir, l’encrier ancré dans la table en bois ou la leçon de morale.

D’ailleurs, une entreprise décline, aujourd’hui, ces anciennes planches en papiers peints ! Je me souviens de ces cartes de France, des reliefs et des cours d’eau, ou des races bovines, de ces planches du squelette humain ou de l’organisation des végétaux… J’étais subjugué par ces planches qui alliaient si harmonieusement la nature et l’art, comme une fenêtre en couleurs ouvrant sur la connaissance, sur le monde, sur la biodiversité (le mot n’existait pas à l’époque), dans un monde éducatif aux supports généralement noir et blanc.

L’entreprise Deyrolle existe toujours. Elle propose des visites de son très prisé cabinet de curiosités, à Paris, et publie, depuis 2007, de nouvelles planches sur les enjeux environnementaux et sociétaux contemporains. Après avoir décrit le monde, il s’agit désormais d’expliquer comment le préserver…