Les élèves du lycée professionnel agricole de Beaune-la-Rolande (Loiret) ont fait une rencontre exceptionnelle le 23 janvier 2020, dans leur salle de classe : Suzanne Vier-Nowodworski s’est souvenu devant eux de son passage, il y a soixante-quinze ans, dans le camp de transit de la déportation des juifs à l’endroit même où le lycée agricole a été construit.
Sa mère déportée à Auschwitz
Elle avait neuf ans quand, le 14 juillet 1942, sa mère, Golda est arrêtée, parce que juive, à Montargis (Loiret). Trois jours plus tard, elle est déportée vers le camp d’extermination d’Auschwitz, actuellement en Pologne. Bien que confiées à une famille d’accueil, trois de ses quatre filles, dont Suzanne, sont arrêtées, le 9 octobre 1942 à leur école de Montargis.
Les trois sœurs sont ensuite conduites au camp de transit de Beaune-la-Rolande. Transférées en décembre dans un centre parisien de l’Union générale des israélites de France (Ugif), Suzanne et ses deux sœurs, Raymonde et Flore, s’échappent en août 1943 et se réfugient chez une tante qui les envoie en zone non-occupée.
> À regarder aussi : L’histoire des sœurs Nowodworski racontée par Raymonde, la grande sœur de Suzanne.
Des stèles commémoratives au milieu du lycée
La journée du 27 janvier 2020 est dédiée dans le monde entier à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Les élèves du lycée agricole de Beaune-la-Rolande se réuniront comme chaque année autour des stèles commémoratives du camp au milieu du lycée. Ils liront un texte de Simone Veil ainsi qu’une réponse des jeunes « aux rescapés et aux victimes de la Shoah » écrite en 2015.
Quatre élèves de bac professionnel et un enseignant partent également en Allemagne pour assister à un séminaire pédagogique sur la transmission du souvenir. Enfin, l’année 2020 voit se clore un projet artistique de trois ans sur le paysage des lieux de mémoire. Des élèves français et allemands ont exposé depuis deux ans leurs prises de vue des sites liés à la déportation.
Pour ce travail, les élèves ont été encadrés par deux photographes : une Allemande, Nancy Jahns, et un Français, Christian Gattinoni. Ce sont désormais eux qui exposent leurs travaux à propos de ces mêmes sites, jusqu’au 14 mars 2020 à la médiathèque d’Orléans (Loiret).
Trois camps dans le Loiret
Depuis la rafle du billet vert en 1941 jusqu’à sa fermeture en 1943, le camp d’internement de Beaune-la-Rolande, et celui voisin de Pithiviers, ont vu passer plus de 16 000 juifs, en particulier les enfants séparés de leurs parents après la rafle du Vél’ d’Hiv’ des 16 et 17 juillet 1942 à Paris. Durant la guerre, le Loiret a connu un autre camp d’internement, à Jargeau, essentiellement réservé aux Tsiganes et aux autres personnes jugées indésirables par le gouvernement de Vichy.
> À consulter : Le centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement du Loiret.