Dans le hall 11 du salon Eurotier, à Hanovre (Allemagne), le peu d’animaux présentés sur les stands de sélection draine de nombreux visiteurs. Déjà, à 10 heures, les allées sont saturées. Sous un grand panneau tricolore, deux stalles isolées provoquent même un bouchon. Un taureau et une vache blonds d’Aquitaine y sont installés.

 

Georg Kellerwessel, leur éleveur, élève une vingtaine de mères, en plus de sa pension pour chevaux, à Köln-Weiler près de Cologne (Allemagne). « Ces deux-là sont importés d’élevages français, explique-t-il. C’est la troisième fois que je ramène des animaux sur ce salon. » Mais la blonde d’Aquitaine fait partie depuis bien plus longtemps des exposants du salon.

 

« Une vingtaine d’années, précise Lionel Giraudeau, directeur de France Blonde d’Aquitaine sélection. Avant nous faisions les démarches pour que puissent venir des animaux du berceau de la race, dans le Sud-Ouest. Mais en matière de transport et de sanitaire, c’est plus simple de s’organiser avec des bovins allemands. »

Une femelle de 1 280 kg

Georg sélectionne ses blondes d’Aquitaine par passion pour la génétique. Tous ses animaux sont vendus comme reproducteurs en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Suisse, et en Belgique… « J’ai même envoyé un mâle en France, dans les Pyrénées-Atlantiques », sourit-il. La vache qu’il présente pèse 1 280 kg, soit seulement 40 kg de moins que son voisin, le taureau. Autant dire qu’elle fait forte impression au sein des visiteurs agrippés à leur appareil photo.

 

« L’Allemagne n’est pas un bassin très allaitant, admet Lionel Giraudeau. Mais les Allemands sont amateurs de sujets puissants et conformés. » Chaque année, l’organisme de sélection commercialise environ 450 animaux : 150 mâles d’un à deux ans, et 300 femelles de 12 à 18 mois. L’Espagne est le premier client, talonné par la Belgique, puis par l’Allemagne, où la demande reste stable.

 

Les éleveurs allaitants d’outre-Rhin subissent aussi le contrecoup de la baisse des cours, liée notamment à l’afflux de vaches laitières dans les abattoirs. Mais ce sont surtout les jeunes bovins qui souffrent. « L’Europe de l’Est consomme peu de vaches, précise Lionel Giraudeau. La femelle de réforme a déjà assez peu de valeur. En France, quand une blonde d’Aquitaine se valorise 5 €/kg chez un boucher, en Allemagne elle ne vaut que 3,60 €/kg. C’est à peine 60 centimes de plus qu’une laitière. »