Le temps menace sur la ligne, ou plutôt le sillon de départ. Nos deux protagonistes, des charrues Kverneland, sont dans les starting-blocks, prêtes à en découdre. De chaque côté de la piste se trouve un modèle 5 corps portés équipé avec des sécurités non-stop à lames de ressort, ainsi qu’une largeur de travail variable. Quoi de plus classique chez Kverneland ? Mais les ressemblances s’arrêtent là ! D’un côté, l’EG-HD est un modèle basique, de l’autre l’i-Plough est entièrement Isobus et commandée depuis un terminal. Nous voici donc dans une parcelle argilo-calcaire fin décembre 2017, sur une moutarde broyée pour labourer une quinzaine d’hectares. Pour mener à bien notre essai, nous avons mobilisé les deux tracteurs de tête de notre hôte, des John Deere 6215R et 7530.
Réglages simples et rapides
Nous commençons par préparer l’EG-HD. Le réglage de l’aplomb se fait avec une butée montée sur un pas de vis, le tout sans se baisser et sans outil. En revanche, le premier corps nécessite une clé (présente avec la charrue), il fonctionne avec un système d’écrou/contre-écrou. Pour la profondeur de travail, le réglage de la roue de jauge s’effectue avec un système de chiens, s’ajustant par des pas de vis, une fois de plus sans outil. Cette roue est placée au bout de la poutre principale de la machine. Pour le constructeur, c’est un choix qui diminue l’effet « balancier ». Cependant, cette position est embêtante pour les bordures de champ. En effet, la roue de jauge dépasse de presque 80 cm en largeur, par rapport au dernier corps.
Notre modèle est en largeur variable hydraulique. Nous pouvons travailler de 12 à 20 pouces, soit de 30 à 51 cm par corps. L’EG-HD reçoit des versoirs de 20 pouces. Le repère sur la largeur de travail est bien visible depuis la cabine, mais il manque de précision. Pour nous, le labour se fera en 16 pouces.
Avec l’i-Plough, rangez vos gants et votre caisse à outils, et asseyez-vous confortablement dans votre tracteur. Tout se passe depuis un terminal ! Nous avions un tracteur Isobus (John Deere 6215R) pour cet essai, nous avons donc tout fait à partir de son écran. L’interface proposée par le constructeur est bien claire et plutôt conviviale. Que ce soit le réglage de la profondeur, de l’aplomb ou du premier corps, il suffit de paramétrer notre choix dans le terminal tactile, et le tout à n’importe quel moment. En effet, tout est hydraulique, mais la stratégie Isobus permet d’activer l’ensemble des fonctions avec un seul distributeur, utilisé en pompage continu. La largeur variable se règle également avec le terminal, sans indication visuelle sur la charrue. Il est aussi possible d’enregistrer jusqu’à 7 réglages, que nous pouvons ensuite rappeler. Autant dire qu’ils sont bien plus plaisants et simples à faire. L’un des seuls à réaliser mécaniquement est l’ajustement de la profondeur des rasettes. Pour autant, Kverneland propose un système astucieux. Le dispositif permet de régler les rasettes hautes et basses en même temps, et avec une simple clé. Encore un gain d’efficacité et de temps.
Au travail
Nous avons réalisé un travail plutôt superficiel, en réglant nos charrues à 16 pouces et une profondeur de labour d’une quinzaine de centimètres pour éviter de remonter trop de pierres. Nos deux modèles ont réalisé un travail de qualité. Kverneland nous a installé le système « Furrow Control » sur le modèle i-Plough. À l’aide du signal GPS et d’une ligne AB similaire à l’autoguidage d’un tracteur, le système va ajuster la largeur variable pour réaliser un sillon le plus droit possible. Malheureusement, le dispositif n’est pas Isobus et nous devons donc utiliser le terminal IsoMatch Tellus fourni par Kverneland pour bénéficier de cette solution. Pour retourner notre i-Plough, nous passons une nouvelle fois par un terminal (celui du tracteur cette fois). Dès que la charrue détecte qu’elle est relevée, une touche « Play » s’affiche sur l’écran. En appuyant dessus, on lance le retournement. Toutes les fonctions hydrauliques sont gérées depuis le terminal. Il nous est donc impossible de réaliser une séquence de bout de champ avec ce système.
Le modèle EG-HD fonctionne avec deux distributeurs, un pour le vérin de retournement et un second pour la largeur variable. Lorsque nous actionnons le retournement, la charrue revient à sa largeur minimale automatiquement, puis elle reprend sa largeur de travail toute seule. Nous avons apprécié les cycles de retournement, tout en fluidité, et avec une roue de jauge fonctionnant parfaitement.
Sur la route
Nos deux charrues se transportent en papillon. Mais nous découvrons une nouvelle fois deux stratégies totalement différentes.
Pour la EG-HD, la roue de jauge fait également office de roue de transport. Dans les virages, la charrue reste solidaire du tracteur. Attention donc au porte-à-faux.
Pour la i-Plough, la barre d’attelage inférieure ainsi que le troisième point se désolidarisent de la charrue, grâce à une tête d’attelage innovante. Le comportement routier n’a rien à voir avec une charrue portée. Il se rapproche davantage d’une semi-portée monoroue. C’est un peu déroutant au début, mais c’est au final très appréciable, surtout dans les virages et les carrefours.
Pour les deux modèles, la mise en position route nécessite de descendre du tracteur afin de modifier l’attelage ou le positionnement de la roue. Notons que la position transport de l’i-Plough s’active depuis… le terminal. On ne vous mentait pas quand on vous disait que tout passait par lui.
Transports, réglages, l’i-Plough est bien différente de sa petite sœur. Les adeptes de technologie trouveront leur compte dans cette machine. Le constructeur nous annonce tout de même un prix catalogue 37 % plus élevé pour l’i-Plough par rapport à la EG-HD qui, elle aussi, a réalisé un bon travail, et le tout sans écran.