«J’avais acheté des juments pour faire plaisir à ma fille », lance Xavier Devaud, à la tête de 150 limousines avec son associé François Migaire, à Saint-Agnant-de-Versillat (Creuse). Initialement, les exploitants n’avaient aucune attirance pour les chevaux, mais au bout de dix ans, ils s’y sont attachés. Ils ont découvert que la cohabitation avec les bovins comportait des atouts pour la conduite du pâturage, le fait qu’il y ait deux espèces limitant les refus.

Pour simplifier le travail, la conduite des chevaux est calquée sur celle des vaches. Les quatre juments de trait bretonnes et l’étalon sont menés avec 17 vaches et leurs veaux en plein air intégral. Au printemps, ce lot tourne tous les cinq jours sur quatre paddocks. « La pousse sur ces prairies est très homogène, constate Guillaume Mathieu, de la chambre d’agriculture de Corrèze (1). Aucun refus ne dépasse. La couleur du couvert est aussi très uniforme. »

« Il y a peu de terre nue, ajoute Hervé Feugère, de la chambre d’agriculture de la Creuse. Cela limite l’évaporation de l’eau du sol. Le potentiel de la prairie peut être ainsi optimisé. » La flore est équilibrée et variée. Quand l’herbe ne pousse plus, des râteliers sont installés pour les vaches. Les juments mangent peu de fourrages, et elles font le tour des parcelles des différents lots de bovins pour consommer les refus.

Poulains et veaux sont complémentés dans un nourrisseur pour broutards, à raison de 4 à 5 kg de concentrés. Ils sont pesés régulièrement, car les broutards sont suivis en contrôle de croissance. Les GMQ des poulains, en moyenne de  400 g/j, sont supérieurs à ceux des broutards. Ils ont été vendus en février à l’âge de 9 mois, à un poids de 470 kg pour un prix de 2,50 €/kg vif (1 175 €/tête). Les femelles sont parfois gardées pour le renouvellement. « Comme les génisses, elles mettent bas à trois ans, ajoute Xavier. Je loue un étalon (384 €/an) qui passe l’année dans le lot. »

Manipulations faciles

La cohabitation avec les vaches et le taureau ne pose pas de problème. Les mises bas des vaches et des juments se passent au champ. « Nous intervenons peu, précise Xavier. Au début, nous avons été très surpris de voir les juments venir lécher le veau dès sa naissance, sans que la vache ne s’interpose. La présence des deux espèces favorise les manipulations. Je passe le licol à l’une des juments et le reste du troupeau suit. » Les associés ne généralisent pas encore la mixité à l’ensemble, car le prix de vente des poulains a longtemps stagné à 1,5 €/kg vif.

(*) La chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine organisait un colloque sur la mixité bovins-équins à La Souterraine le 5 avril. Elle renouvellera le rendez-vous lors du Salon Aquitanima le 14 mai.