Assise à son bureau, Sandrine Garreau fait le point sur sa certification HVE (Haute valeur environnementale). Faut-il qu’elle se lance à nouveau dans le référentiel ? « La démarche environnementale m’intéresse, mais elle n’est plus valorisée et on passe beaucoup trop de temps au bureau. Le moindre passage de tracteur dans la parcelle est à enregistrer ! », explique l’agricultrice, mère de trois enfants.
Plus aucun contrat en céréales
Installée à Nangeville (Loiret) sur 150 hectares, Sandrine s’est lancée en 2020 dans la démarche HVE, d’abord pour valoriser ses oignons, puis ses betteraves et ses céréales. En 2021, elle construit un stockage à plat à la ferme, car les organismes stockeurs ne peuvent pas réceptionner les grains HVE pendant la moisson. En 2022, les contrats se multiplient. La certification permet d’obtenir une prime de 15 à 20 € par tonne de grains.
En 2023, c’est la douche froide : seule la coopérative BCO lui propose un contrat pour vendre ses oignons. Plus aucun contrat en céréales, ni en betteraves pour la récolte de 2024. « Il m’aurait fallu trois ans en plus pour amortir l’investissement du stockage », regrette Sandrine.
Changement de critères
Le constat est sans appel au niveau national : l’augmentation du nombre d’exploitations céréalières certifiées HVE a chuté de 25 % en 2022 à 3 % en 2023. Les raisons ? D’abord, un changement des critères de certification. Les producteurs, certifiés pour trois ans, doivent revoir leurs pratiques pour obtenir la nouvelle version.
Sandrine devrait ainsi passer du temps à déchiffrer tous les changements. Du côté de l'aval, les industriels n’ont pas réussi à valoriser le cahier des charges auprès des acheteurs et la certification manque de reconnaissance auprès des consommateurs.
Mais pour Sylvie Robert, présidente opérationnelle de l’association nationale HVE, le signe de qualité ne va pas pour autant disparaître. Elle demande un plan de soutien aux pouvoirs publics qui ont impulsé cette certification.