Annoncé en septembre dernier, le pacte en faveur de la haie prévoit notamment l’atteinte d’ici à 2030 d’un solde net de 50 000 kilomètres de haies, et une meilleure valorisation économique de celles-ci.
Premières dépenses en 2024
Sa déclinaison en un plan d’actions coordonnées avec les politiques régionales est prévue pour la fin de l’année 2023, a confié Catherine Moret, responsable de la stratégie et de projets à l’Afac-Agroforesteries lors d’un webinaire organisé le 15 novembre 2023.
« L’objectif de l’État est d’être opérationnel dès l’an prochain », explique-t-elle alors que le projet de loi de finances prévoit 110 millions d’euros d’engagement de crédits avec une dépense de 49 millions d’euros pour 2024.
Le début de l’année prochaine sera consacré à la création d’un observatoire de suivi et d’évaluation de la politique du pacte, ainsi qu’au déploiement de soutiens financiers en faveur de la plantation, de la gestion et de la structuration des filières. Le comité de pilotage du pacte, présidé par le ministère de l’Agriculture, sera mis en place dans le courant de l’année.
Un exemple de trajectoire
Paule Pointereau, responsable de la stratégie et des projets à l’Afac-agroforesteries, a ensuite exposé l’exemple de la Région Bretagne. Cette Région vise 75 000 kilomètres de haies restaurées à l’horizon de 2030, soit 70 % du linéaire breton. Pour atteindre cet objectif, la Région doit planter en sept ans 5 000 kilomètres de haies et stopper progressivement, dès 2026, les arrachages de haies existantes.
L’Afac-Agroforesteries estime que 381 ETP seront mobilisés sur sept ans. L’objectif est d’utiliser 30 % de régénération naturelle puis même 50 % d’ici à 2030. « L’enjeu est d’avoir une production de plants et de graines qui suive », rajoute Paule Pointereau.
Pour la Bretagne, cela signifie donc consolider les onze pépinières déjà existantes et en créer deux nouvelles. Ainsi, la Région pourrait dès 2027 répondre à ses propres besoins puis atteindre une production totale de 840 000 plants végétaux locaux d’ici à 2030. La densification du linéaire est chiffrée à 91 millions d’euros sur sept ans.
L’Afac estime également que 140 ETP seront nécessaires pour accompagner les 30 500 agriculteurs requis à la gestion durable de leurs haies. « Dans cette région bocagère, la filière de la biomasse va se développer jusqu’à participer à 9 % de l’objectif national, soit une production annuelle de biomasse de 266 000 tonnes de MS », chiffre Paule Pointereau.
Cela représenterait un marché de 16 millions d’euros pour près de 11 000 agriculteurs. Pour accompagner la mise en place de cette gestion durable et le développement et la structuration de la filière locale sur sept ans, l’Afac-Agroforesteries chiffre les besoins de la Région bretonne à 86 millions d’euros sur les sept années à venir.
L’évaluation du plan régional et de sa coordination au plan national représente un coût de 15 millions d’euros sur sept ans. Dans ces hypothèses de trajectoire, la Bretagne consommerait 192 millions d’euros sur sept ans. « Cela revient à 22 % du budget annuel du pacte en faveur de la haie pour une seule Région, note Paule Pointereau. C’est le constat que les régions doivent abonder dans le budget en faveur du pacte haie. »