«Le premier outil en open source de mesure du score agroécologique d’un système de production » :  c’est ainsi qu’est présenté l’indice de régénération, porté par l’association Pour une agriculture du vivant. Mis en ligne le 17 mai 2021 (1), il est, pour l’heure, développé pour les grandes cultures et productions légumières industrielles, et pour l’arboriculture (2). Des déclinaisons pour le maraîchage, l’élevage et la viticulture devraient voir le jour d’ici à la fin de l’année. Cet indice est construit autour de huit axes. Le premier, sur 18 points, concerne la couverture du sol. La note maximale est obtenue si le taux annuel moyen de couverture est supérieur à 90 %. Le deuxième, sur 18 points également, se rapporte au travail du sol. L’idée est d’évaluer son intensité en analysant la part de la surface labourée, en TCS et/ou en semis direct.

Présence de légumineuse

« Vient ensuite la question du carbone », explique Alexandre Boidron, coordinateur technique. Sur 18 points toujours, ce module se penche sur le rapport « matière organique/argile », et les entrées annuelles de carbone (amendement organique, racines, parties aériennes restituées). Le volet de la fertilisation azotée est analysé sur 6 points. L’outil prend en compte la surface qui a reçu une légumineuse (en culture ou en couvert) ou de l’azote organique.

« D’autres thèmes qui ne se rapportent pas au sol entrent aussi en jeu », poursuit-il. D’abord, celui de la gestion phytosanitaire, sur 15 points. Ce module est basé sur une comparaison des indices de fréquence de traitement (IFT) réalisés par rapport aux IFT médians, en séparant les herbicides des autres produits. Le maximum de points correspond à des niveaux inférieurs de 50 % ou plus à la référence.

Les pratiques qui ont un effet sur la biodiversité peuvent aussi rapporter 15 points. Sont pris en compte le pourcentage de surfaces d’intérêt écologique (SIE) et le nombre d’espèces cultivées. Avant-dernier axe : l’agroforesterie, sur 5 points. Ils sont obtenus par la mise en œuvre d’un projet intraparcellaire et/ou de haies. Enfin, l’outil accorde 5 points aux agriculteurs qui suivent des formations (au moins seize heures par an) ou qui appartiennent à un groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE).

Ferme fictive : 76/100

À titre d’exemple, l’association fait une démonstration avec une ferme type. Jean, céréalier dans l’Oise, cultive 140 ha de terres limono-argileuses à 1,3 - 2,4 % de matière organique : blé tendre, orge d’hiver, colza, lin fibre, betterave sucriè­re, pomme de terre et sarrasin. Il implante systématiquement des couverts végétaux diversifiés entre les récoltes d’été-automne et les cultures de printemps, dans un système sans labour de TCS dominant (vibroculteur, strip-till), et semis direct si possible. Il fait quelques apports de matière organique sous forme de compost de déchets verts. Son score est de 76/100.

Hélène Parisot

(1) https://transition.agricultureduvivant.org/indice-de-regeneration

(2) Lire La France agricole n° 3905, p. 20.