Les Assises européennes de la transition énergétique qui ont lieu à Genève du 30 janvier au 1er février sont l’occasion pour l’Ademe, GRDF et GRTgaz de dévoiler leur étude « 100 % de gaz renouvelable en 2050 ». Ce travail s’appuie sur celui déjà réalisé pour établir le scénario « énergie climat 2035-2050 ». Les gains d’efficacité énergétiques et la baisse de la demande en étaient alors les principales leçons.
Trois grandes ressources
Cette fois, l’objet est d’analyser les conditions de faisabilité technico-économiques d’un système gazier basé à 100 % sur du gaz renouvelable à l’horizon de 2050. Pour cela, l’étude identifie un potentiel théorique de 460 TWh de gaz renouvelable injectable en 2050. Il est principalement issu de méthanisation pour 130 térawattheures, de pyrogazéification (1) pour 140 TWh et de Power to gaz (2) pour 130 TWh.
Quatre scénarios de mélanges technologiques sont proposés pour satisfaire les demandes du pays en 2050. Un mélange équilibré des technologies à 100 % ENR produirait 293 TWh. La priorité à la gazéification donnerait 361 TWh. Une limitation de l’utilisation de la biomasse donnerait 276 TWh. Enfin, un scénario plus probable basé sur 75 % d’ENR et 25 % de fossiles donnerait 317 TWh.
Le carbone mobilisable est là
Pour les trois signataires de l’étude, les principales conclusions sont que les gisements sont suffisants dans tous les cas, sans toucher aux filières de la biomasse existantes, notamment celles visant la production de chaleur. Au vu des décentralisations dans les productions, une évolution des réseaux sera aussi nécessaire, et il faudrait anticiper les besoins d’installations de rebours.
L’agriculture, sollicitée et bénéficiaire
Il ressort aussi de l’étude une complémentarité entre les différents modes de production et de consommation énergétique, notamment au travers du Power to gaz et du « gaz to power ». Enfin, l’Ademe, GRDF et GRTgaz admettent que les bénéfices sociaux ont été peu regardés, mais qu’il existera des opportunités sur des scénarios d’évolution du monde agricole avec le développement de l’emploi et des services sociaux économiques dans les territoires.
Compétitivité à l’horizon de 2050
Du côté des coûts, les quatre scénarios aboutissent sur des montants complets variant de 105 à 153 €/MWh. Si on isole la méthanisation, elle s’approche des 80 €/MWh. Cela alors que le marché du gaz est plutôt autour des 25 €. Mais cela n’inquiète pas les signataires pour qui ce coût va très vite grimper et atteindre dans un premier temps les 41 € puis 86 € en 2050. En cause : la taxe carbone, qui, selon plusieurs estimations, devrait grimper à 200 € la tonne de CO2 en 2050. Le prix du gaz renouvelable serait alors concurrentiel avec celui du fossile.
(1) production de méthane à partir de matières organiques, par exemple du bois brut ou des déchets, par un processus thermochimique.
(2) production de méthane par électrolyse de l’eau en utilisant de l’électricité renouvelable et méthanation de l’hydrogène produit, en présence de dioxyde de carbone.