À la tête de huit exploitations autour de Chaumont (1 850 ha avec céréales et élevage bovin), Jérôme Ferrand, Jérôme Yung, Thierry, Vincent et Paul-Henry Lahaye sont engagés dans un GIEE (1) axé sur l’agriculture de conservation. « Nous voulions valoriser une partie des couverts produits et maîtriser le coût des engrais organiques », explique Jérôme Ferrand.

En 2016, après cinq ans de démarches, ils ont lancé la première unité en Haute-Marne de méthanisation en injection de biométhane. « Réaliser ce projet à cinq a été sécurisant pour l’aspect financier et l’apport en matières premières du méthaniseur. » L’investissement s’élève à 4,2 M€. Après déduction des aides (10 à 12 %), Jérôme Yung et Jérôme Ferrand ont investi chacun 25 % du montant et les trois frères 50 %. Le tarif de rachat du biogaz, garanti par Engie pendant quinze ans, offre un retour sur investissement de sept à huit ans.

Depuis octobre 2018, le méthaniseur tourne à plein régime. Il absorbe 21 000 t/an de matières premières, dont 54 % de CIVE (culture intermédiaire à valorisation énergétique) et 28 % d’effluents d’élevage. Les 180 Nm3/h produits alimentent 15 000 foyers chaumontais, soit 10 à 15 % de la consommation de gaz en hiver et 75 % en été. Les CIVE, produites en interculture, et les effluents d’élevage proviennent en majorité des exploitations des cinq associés. Pour transporter les matières premières et le digestat, ceux-ci se sont équipés de bennes et d’un tracteur routier. Ils effectuent le travail avec quatre salariés déjà présents. Un groupement d’employeurs a été constitué pour qu’ils puissent travailler sur les huit exploitations. Un cinquième salarié a été embauché pour le méthaniseur. Une Cuma a été créée, notamment pour le matériel de transport. L’assolement commun pourrait être la prochaine étape. 

Conforter le revenu

La méthanisation a résolu le problème d’odeur des effluents épandus et a permis d’économiser 30 % du coût de la fertilisation et du désherbage. Les CIVE ont en effet réduit le salissement des parcelles. Cette diversification va conforter le revenu. « Nous cherchions à nous déconnecter des fluctuations des cours mondiaux des productions agricoles, explique Paul-Henry Lahaye. Nous maîtrisons notre coût de production et notre prix de vente pour quinze ans. » Un deuxième projet pour injecter du biométhane dans le réseau de transport du gaz (gros réseau) est en cours, avec de nouveaux associés en conversion bio. Chantal Urvoy

(1) Groupement d’intérêt économiqueet environnemental.