Quitte à essayer un tracteur carburant au biométhane, autant que ce soit sur une ferme qui en produit. Nous avons donc testé le T6.180 Methane Power, fin mars, sur l’exploitation de Christian et David Peterschmitt, à Meroux, au sud-est de Belfort (90).
Déjà vu en Italie et au Sima, nous ne sommes pas surpris par l’effet massif de l’arrière de la cabine. Un tiers des neuf réservoirs y sont logés. Seulement, l’enthousiasme des frères Peterschmitt, qui ont déjà pu tester le 6 cylindres, nous met l’eau à la bouche. Ni une ni deux, nous grimpons en cabine. Notre premier objectif est d’aller benner du digestat de méthanisation dans une prairie à 8 km au sud de la ferme. Nous retrouvons l’environnement du T6 Electro Command. Les principales différences se voient dans les rétroviseurs. En effet, les montants arrières semblent bodybuildés. Cela gêne peu la visibilité et nous nous y habituons vite. Autre changement, un nouveau bouton « méthane réserve » figure parmi les commandes à la droite de l’accoudoir. Il s’active pour libérer le biométhane du neuvième réservoir quand les autres sont sur le point de se retrouver à sec.
En route avec un couple supérieur
Le démarrage est un bonheur. Au son, nous nous croirions dans un tracteur dépourvu de système antipollution. Ce qui est presque le cas puisque l’échappement ne supporte plus qu’un catalyseur trois voies. Il sert à éliminer les monoxydes d’azote et de carbone. De plus, un autre changement a été réalisé. En effet, alors que le gazole s’enflamme par compression, le bioGNV nécessite le recours à des bougies. Pour notre prise en main, la benne Rolland à deux essieux Turbovrac 23-24 de la ferme est attelée. Elle est chargée de digestat « sec » ayant subi une séparation de phase. La densité de ce digestat est d’environ 0,9. Bien remplie, la benne emporte donc un chargement approchant les 21 tonnes. Le T6.180 ayant pour puissance 180 ch, le chargement semble plus qu’à sa portée.
C’est d’autant plus vrai avec notre Methane Power. En effet, nous montons avec facilité les powershifts de la gamme route. Lors des freinages et redémarrages, le tracteur prend en charge avec aisance les reprises à des rapports de vitesse moyens et élevés. Nous avons la sensation ferme que le tracteur dispose d’une plus grande réserve de couple. New Holland précise à ce sujet qu’un T6.175 Tier 4A débute dans sa courbe de puissance avec plus de couple, mais que le Methane Power se rattrape rapidement et affiche un couple supérieur pour les trois quarts de la courbe.
En outre, la firme a choisi la transmission la plus « facile » à adapter. Avec une variation continue, il faudrait revoir entièrement le programme de gestion moteur-boîte. C’est donc la semi-powershift Electro Command à 8 rapports sous charge qui est installée. En ce qui nous concerne, la liaison moteur bioGNV-transmission ne pose pas de soucis mécanique lors du test. À l’approche du champ, nous démarrons même en vitesse 8, puis 9 sur un chemin présentant une pente avoisinant les 15 %. Le bennage du digestat ne sera qu’une formalité. L’ouverture de porte comme le basculement sont hydrauliques.
Nervosité et gros bras
De retour à la cour de ferme, nous nous attelons à l’alimentation en fumier du digesteur. Cette fois, c’est le comportement au chargeur qui nous surprend. Non seulement notre Methane Power lève avec facilité le godet chargé à bloc. Mais en plus, il répond nerveusement aux commandes de déplacement en cour de ferme. L’absence de masses arrières se fait ressentir. Ce T6 serait presque trop puissant pour ce genre de tâche. Le chargeur lève assez haut, à 4,26 m, pour placer le godet au-dessus du bol Weltec. Après quelques allées et venues, il est temps de faire le plein. L’exploitation dispose d’une distribution de bioGNV car les frères Peterschmitt en utilisent déjà pour alimenter leur véhicule utilitaire. Le branchement au point d’alimentation est simple. Il se situe sous la plateforme de la cabine. Un manomètre indique la progression. La pression maxi de 200 bars correspond au plein effectué. Mais il faudra être patient pour l’atteindre. En effet, il faut compter environ 6 h pour repartir avec une capacité de travail variant entre trois et cinq heures, en fonction des tâches à effectuer. Les réservoirs sont dispersés sur le tracteur. Si les trois intégrés à l’arrière de la cabine sont les plus visibles, deux autres sont intégrés à droite de la transmission. Les quatre derniers figurent à gauche de celle-ci. La capacité totale de stockage de biométhane est ainsi portée à 300 litres, ou 52 kg de biométhane.
Programme de leader de l’énergie propre
Si nous avons été conquis par les capacités techniques de ce T6, quelques progrès restent à faire en termes d’intégration des réservoirs, de choix de transmissions et d’autonomie au travail. New Holland continue donc le développement de son prototype dans le cadre de son programme « Clean Energy Leader ». La firme souhaite se tenir prête à commercialiser une série lorsque tous les voyants économiques seront au vert. Pour l’heure, les T6.180 Methane Power continuent leur tournée d’essais en Europe. Nous laissons notre modèle aux agriculteurs avec déjà plus de 680 heures au compteur.