Dans le Loir-et-Cher, plus de 9 000 travailleurs saisonniers étrangers ont été détachés en 2017 dans des exploitations agricoles, par le biais d’agences d’intérim qui ne respectent pas toujours la loi. Pour tenter d’endiguer ce phénomène, l’unité du Loir-et-Cher de la Direction du travail (Direccte) a convié les acteurs de l’emploi à se mettre autour de la table. Résultat : la Direccte, le syndicat viticole (FAV), Transvaloire, le conseil départemental, Pôle Emploi, l’Anefa ont proposé la création d’un groupement d’employeurs.
« C’est légal »
Après sept mois de recul, 11 000 heures d’activité et une trentaine d’employeurs, le groupement est encore jeune, mais séduit par sa réactivité et son efficacité. Stéphane Dubreuil, vigneron à Couddes, passe dorénavant par ce service. « Comme pour les travailleurs détachés, ce sont des Bulgares, mais je suis certain que c’est légal. »
Plus au nord, à Nourray en petite Beauce, Philippe Noyau, céréalier et producteur d’asperges vertes, a également fait appel au groupement. « J’ai l’habitude d’embaucher directement une dizaine de femmes turques, en Tesa. Mais avec le ramadan et l’augmentation des surfaces, il fallait davantage de personnes. J’ai commencé à m’adresser à Pôle Emploi. Sur neuf personnes retenues, trois sont venues, mais une ne convenait pas. J’ai fait appel au groupement d’employeurs, qui m’a envoyé un homme rapidement. Il était très efficace. »
Le prix de la paix
À 16,65 euros par heure, le service est 3 euros plus cher qu’une embauche en direct et 1 euro de plus que des travailleurs détachés. Une facture difficile à avaler pour ceux qui emploient un grand nombre de personnes, comme les producteurs de fraises. Mais le problème de main-d’œuvre est tellement important, que certains préfèrent miser sur la sécurité. « J’ai déjà demandé six à dix personnes pour la prochaine campagne d’asperges », indique Philippe Noyau, qui a converti sa maison en gîte pour accueillir des touristes… Et des saisonniers.
Des locations de voitures à bas coût pourraient être proposées aux saisonniers. © Aude Richard
Une agence immobilière solidaire
Pour l’instant, ce sont des Bulgares qui travaillent dans les champs du Loir-et-Cher. Le groupement aide à leur trouver des logements par l’intermédiaire d’un prestataire, qui assure la traduction et accompagne les travailleurs sur place. « C’est un service essentiel car tout le monde ne vit pas de la même façon au quotidien », note Angélique Tessier, responsable du groupement d’employeurs. Pour l’hiver prochain, le comité départemental a recensé des logements au sud de la Loire, et une « agence immobilière solidaire », qui fournit des logements aux personnes en insertion, pourrait étendre son activité aux saisonniers.
Plusieurs pistes pour le transport
Avec l’augmentation du nombre d’employeurs, Angélique Tessier espère mettre en place une boucle saisonnière et attirer davantage de personnes du département. Elle travaille avec son partenaire Transvaloire, une structure spécifique pour les saisonniers (tourisme, restauration…). Néanmoins, les deux services sont confrontés au problème de la logistique. Des bus collectifs ont été testés il y a quelques années. Mais au bout de deux jours, ils étaient vides. Les personnes ne revenaient pas.
« Nous avons un partenariat avec Mobilité 41, une structure qui loue des scooters pour 1 € par jour à charge du saisonnier, le reste étant financé par la MSA. Cela fonctionne bien quand les sites sont à moins de 20 km de la ville. Mais en agriculture, c’est rarement le cas. Nous sommes en réflexion pour de la location de voiture à bas coût ou bien une prestation de taxi rural pour 4 saisonniers », explique Angélique Tessier.
Même si toutes les solutions ne sont pas encore trouvées, la collaboration de différentes structures permet de rendre l’emploi agricole enfin visible.