Concilier un mandat d’élu local et un statut de salarié agricole, c’est possible ! Comme en témoignent François Le Guevello et Daniel Audo. Ce dernier est salarié agricole, depuis neuf ans, responsable des ateliers de postsevrage et d’engraissement au sein de la SARL Le Mené, un élevage naisseur engraisseur dirigé par François Le Guevello à Crédin (Morbihan).
Il est deuxième adjoint au maire en charge de la voirie dans cette commune rurale de 1 500 habitants dans le centre de la Bretagne. Très impliqué professionnellement, il est aussi élu à la chambre d’agriculture (collège des salariés) et coprésident de l’Anefa Bretagne (Association nationale pour emploi et la formation en agriculture).
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Des réunions après le travail
Au quotidien, ce mandat n’a pas d’incidence sur l’organisation du travail, selon les intéressés. « Je suis sur des horaires de travail régulier (7h30-12h30 et 14h00-17h00). En finissant à 17h00, il est facile pour moi de participer aux réunions qui ont souvent lieu en fin d’après-midi », confirme Daniel.
« Étant responsable de la voirie, qu’il s’agisse de l’état des routes ou d’abattage de bois, beaucoup de choses peuvent être vues en soirée ou le samedi. Au besoin, si je dois me déplacer en journée, je commence plus vite, je finis plus tard, poursuit-il, grâce à un employeur conciliant. »
« Je fais en sorte que l’entreprise ne soit jamais pénalisée et surtout que mes collègues de travail ne se retrouvent pas avec un supplément de travail du fait de mon absence. » Il admet que cette possibilité est facilitée par la nature de son poste au postsevrage et à l’engraissement. « Décaler les horaires serait plus compliqué en naissage », estime-t-il.
Le prévoir dans le contrat
François Le Guevello, son employeur, confirme : « Daniel était déjà conseiller municipal et impliqué dans les organisations professionnelles quand je l’ai recruté. Dès le départ, nous avions convenu au contrat que Daniel pourrait s’absenter de cinq à quinze jours par an pour ces mandats professionnels moyennant indemnisation. » En pratique, ces absences représentent trois ou quatre jours par an.
Une nouvelle organisation à l’avenir
« Lorsque Daniel a décidé de se présenter comme tête de liste, il m’en a parlé », confirme François Le Guevello. Ils ont convenu que s’il est élu maire, Daniel travaillera à mi-temps. « Il travaillera tous les matins et il sera disponible pour son mandat l’après-midi tout en gardant un week-end de garde par mois », détaille l’employeur.
Se concentrer sur les tâches spécialisées
François Le Guevello reconnaît que la taille de son exploitation autorise plus facilement les arrangements de ce type. « Je peux le faire car je dispose d’une structure avec 11 à 12 salariés, admet-il. Daniel reste sur sa responsabilité du postsevrage et de l’engraissement en poursuivant les tâches plus spécialisées et plus techniques le matin. Le déplacement des animaux, le lavage, l’entretien seront confiés à d’autres personnes. »
Une approche concertée
« Nous sommes dans une approche gagnant-gagnant pour permettre à chacun de s’y retrouver », confirme François Le Guevello. Et d’en tirer même un certain enseignement : « Les responsabilités prises par Daniel m’apportent un regard sur l’extérieur et une ouverture d’esprit. »