Les maraîchers d’Armor (ex-UCPT (1)) ont lancé à la fin de janvier 2021 leur saison de recrutement de saisonniers pour travailler dans les serres de tomates des Côtes-d’Armor. Ils s’appuient sur un dispositif créé en 2004. L’action de formation préalable au recrutement (APFR) consiste à former des demandeurs d’emploi avant de les recruter pour la saison.

Un mois de formation pratique et théorique

Les demandeurs d’emploi sont conviés à des réunions d’information suivies d’entretiens de motivation menés en collaboration entre Pôle Emploi, l’Anefa 22 et les producteurs. Les candidats retenus participent à des mises en situation sur un à deux jours en février.

En mars, ils participeront à un stage de formation alternant formation théorique encadrée par l’Iréo (2) et formation pratique directement sur les exploitations. Objectifs : découvrir la plante, sa culture, l’intérêt des auxiliaires et les différentes tâches à accomplir. Le stage est rémunéré par Pôle Emploi. Il débouche sur la signature d’un CDD de six à huit mois.

Cinquante saisonniers recherchés

« Chaque année, nous recherchons plus de 50 saisonniers en plus de ceux directement recrutés par les exploitants », explique Loïc Conan, producteur de tomates à Plouviro, président de la commission des employeurs de la coopérative.

L’opération a été commencée il y a 17 ans car les producteurs avaient déjà des difficultés de recrutement, le métier souffrant d’une mauvaise image. La demande s’est accrue avec la diversification et la segmentation de la production de tomates.

« Quand le besoin en main-d’œuvre est de quatre à cinq personnes pour un hectare de tomates grappe, il en faut près de huit à neuf pour ramasser et emballer les tomates cerise, cocktail et les variétés anciennes », précise-t-il.

Loïc Conan voit de nombreux avantages à ce dispositif. « C’est un vrai gain de temps ! Les personnes recrutées sont opérationnelles dès que démarre la saison en avril. Ils ont été formés à la gestuelle et connaissent les bases assure le légumier. »

« Au mois de mars, nous sommes plus disponibles pour les former, ajoute-t-il. Cela permet aussi d’éviter toute la paperasse et les formalités d’embauche pour des personnes qui ne resteraient pas. »

80 % des candidats ont rempli leur contrat

La méthode a fait preuve de son efficacité. « L’année dernière, 80 % des candidats qui ont signé ont fini leur contrat », explique Guillaume Rostoll, chargé de communication des Maraîchers d’Armor. Un très bon chiffre s’agissant d’un public en réinsertion.

L’an passé cela a représenté 28 saisonniers. Autre intérêt : la formation est un appel d’air avec des demandeurs d’emploi correspondant aux profils recherchés sans passer par la case formation qui sont embauchés directement.

« C’est un contrat gagnant-gagnant en proposant d’un côté un parcours qualifiant pour les demandeurs d’emploi donnant accès à de réelles opportunités sur la région, et de l’autre, en assurant aux maraîchers la fiabilité de la main-d’œuvre au fil des saisons », résume Guillaume Rostoll. Lors de la dernière saison, crise sanitaire du Covid oblige, les saisonniers de la restauration et de l’hôtellerie et même des commerçants ont fait leur apparition.

La coopérative regroupe 450 producteurs dont 70 ayant une production sous serres. La production de l’UCPT atteint les 160 000 tonnes de légumes frais par an commercialisés sous la marque Prince de Bretagne pour un chiffre d’affaires de 107 millions d’euros.

Isabelle Lejas

(1) Union des coopératives de Paimpol et Tréguier.

(2) Centre de formation professionnelle.