Prévenir l’apparition de troubles musculosquelettiques, TMS, chez ses salariés grâce à des échauffements et des étirements ciblant spécifiquement les parties du corps les plus sollicitées : voilà ce qu’a mis en place Florent Masson, médecin du travail à la MSA Midi-Pyrénées Sud. Toutefois, ces exercices ne remplacent pas les autres méthodes de prévention. Ils doivent s’intégrer à une stratégie de prévention globale, prévient Florent Masson.
Concevoir un programme adapté aux travailleurs
« Cette méthode peut s’adapter à peu près à tous les secteurs », estime Florent Masson. Sa mise en place suit une même méthodologie, qui intègre une phase d’observation réalisée par un professionnel. Celle-ci permet de livrer un programme d’échauffements et d’étirements adapté aux mouvements et aux types d’activités réalisées par le travailleur.
Au terme de sa réalisation, le programme est présenté sur un support visuel pour autonomiser l’entreprise et les salariés. « C’est primordial pour pérenniser ces exercices, explique Florent Masson. Il n’y aura pas toujours le professionnel pour les diriger ».
Élaborer un programme réalisable
Cette méthode, Florent Masson l’a mise en place dans trois structures du domaine du paysage, depuis 2019. Le Geiq vert, groupement d’employeurs, en fait partie. Sa directrice, Muriel Dominot, est pleinement engagée dans ce projet : « Pour que ça fonctionne, il faut une implication de l’employeur. »
Très concrètement, les employés du Geiq vert ont chacun un petit carnet facilement transportable qui répertorie les exercices à effectuer, accompagnés d’illustrations. Ce sont au total huit minutes d’échauffements le matin, sur le temps de travail, et huit minutes d’étirements en fin de journée qui sont proposées. « Il faut un programme réalisable », insiste Florent Masson. Assez long pour qu’il soit efficace, mais assez court pour qu’il puisse être pérennisé.
Les employés du Geiq vert s’appuient sur leur guide d’exercices pour réaliser leurs échauffements et leurs étirements. © Geiq vert
« Le corps est mieux préparé à l’activité physique »
Huit minutes quotidiennes d’exercices sur le temps de travail pourraient être considérées comme une perte économique pour l’employeur. Mais pour Muriel Dominot, le projet doit être vu « comme un investissement ».
« Les quelques minutes d’échauffements permettent d’augmenter la vigilance des travailleurs, de se poser, de se concentrer et de placer ses membres dans l’espace avant de commencer la journée. Après ça, on est plus productif, et le corps est mieux préparé à l’activité physique », détaille Muriel Dominot.
Une mise en place en cinq étapes
« J’ai reçu de nombreuses sollicitations pour ce projet. Beaucoup provenaient de travailleurs indépendants ou de très petites structures qui emploient peu de main-d’œuvre, témoigne Florent Masson. Nous réfléchissons à un moyen de leur offrir la possibilité de mettre en place cette méthode en autonomie : il pourrait s’agir d’un guide qui les accompagnerait à travers les différentes étapes de la démarche ». Celles-ci sont au nombre de cinq :
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Analyser
Faire un état des lieux sur la politique de prévention globale des TMS au sein de l’entreprise ou de l’exploitation avec les actions déjà mises en place et les risques encourus par les salariés. « Ici, pour une mise en place en autonomie, on pense à un questionnaire qui permettrait de ne laisser aucun point de côté. »
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Fixer des objectifs
Déterminer les objectifs du projet en réalisant un cahier des charges. L’organisation du travail et les infrastructures disponibles sont à prendre en compte : à quel moment, à quel endroit est-il plus opportun de réaliser les exercices ? Debout, ou couché dans une salle ? Quel support visuel choisir ? (Livret, affiche…)
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S’entourer
Trouver un intervenant spécialisé en biomécanique, comme un kinésithérapeute, par exemple. Celui-ci devra livrer un programme adapté au travail réel, en tenant compte du cahier des charges établi. « Les exercices devront être non lésionnels, avec une faible charge cardiaque », insiste Florent Masson.
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Communiquer
Présenter le projet à son ou ses salarié(s). « C’est très important de communiquer, de leur parler des bénéfices des exercices, et de les sensibiliser aux risques des TMS », constate Murielle Dominot.
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Observer
Réaliser la phase d’observation. C’est la pierre angulaire de cette méthode. L’intervenant observe les stimulations biomécaniques lors du travail afin de livrer un programme adapté au travail réel.
Des résultats encourageants
« Les résultats des questionnaires de suivi rempli par les employés concernés par le projet sont encourageants, se réjouit Florent Masson. On a notamment plus de 90 % des répondants qui trouvent de l’intérêt à ces exercices, sur les trois structures. Les tendances de résultats retrouvées seraient en faveur d’une moindre incidence des TMS chez les salariés réalisant échauffements et étirements de manière régulière. »