Tout le monde est-il stressé ?
Tout le monde est stressé au moins une fois durant chacune de ses journées. Mais tout le monde n’est pas stressé de la même manière. Le stress a deux causes qui se combinent : d’un côté, les événements de la vie et, de l’autre côté, notre attitude face à ces événements.
D’où vient le stress ?
Le stress n’est pas une maladie. C’est une fonction qui nous permet d’échapper à un danger. Dans la nature, il nous sauve la vie même sans qu’on s’en rende bien compte. C’est un état d’urgence de l’instinct. Dans les situations où l’on a peur pour notre vie ou notre santé, le stress initial nous met en état d’agir.
L’individu sous état stressant a trois réactions possibles. D’abord, la fuite : le cœur s’accélère, la transpiration refroidit nos muscles pour qu’ils agissent vite. Cet état correspondant à une inquiétude ou à une angoisse. Le deuxième état est un stress de lutte : on se prépare à combattre. Dans ces cas-là, notre cerveau nous conduit à surestimer notre force pour nous aider à aller au front. Enfin, le troisième état du stress, c’est l’inhibition : je fais le mort pour que l’ennemi s’en aille. Dans le travail, cet état conduit à la déprime et à la perte de confiance en ses capacités.
Dans les situations où l’on n’est pas en danger immédiat, ce qui est plutôt le cas dans les sociétés modernes, le stress dévoile une tension entre nos automatismes et notre capacité à nous adapter. Le stress est lié à ce conflit interne.
Est-il possible d’en sortir ?
Quand on prend conscience du stress, il y a deux moyens pour en sortir. Le premier consiste à changer la situation qui nous stresse. Si on a les moyens de le faire, pourquoi s’en empêcher ? Dans les faits, on n’a pas souvent la possibilité de le faire. Alors, on peut actionner l’autre solution : passer en « mode mental adaptatif », c’est-à-dire en réagissant différemment de nos automatismes.
On comprend l’objectif, mais comment faire ?
Le mode adaptatif est une compétence qui se travaille. Plus précisément, c’est la capacité de passer facilement d’un mode à un autre qui s’acquiert. Il existe toute une série d’exercices pour opérer de plus en plus aisément cette bascule entre les modes.
Comment arrêter la machine du stress quand elle s’emballe ?
La première étape consiste à décoder les signes indicateurs du stress. C’est l’expérience de chacun qui permet de repérer ses propres alertes. Ensuite, la personne stressée doit évacuer l’émotion. Chacun a sa technique, mais on peut essayer de respirer profondément une dizaine de fois. On peut aussi aller taper dans un sac. Ou encore couper court à une conversation angoissante, mais sans blesser l’interlocuteur, en lui expliquant avec humilité qu’on risque de dire des mots vexants et qu’on tient à reprendre la conversation plus tard.
Ce sont tous ces éléments qui permettent de reconnaître à soi-même qu’on est en stress. Enfin, ils sont nécessaires pour admettre qu’il faut changer quelque chose plutôt que d’insister. Si on est en stress et qu’on ne veut rien changer, on va continuer à être en stress. Plus on stresse, plus on est stressable.
Doit-on avouer son stress aux salariés ou doit-on le garder pour soi ?
Dans une posture de manager, il n’est pas bon de reporter son stress dans l’équipe. Au contraire, l’exploitant est celui qui garde son calme dans la tempête. Le stress n’a pas beaucoup de valeur ajoutée au travail. C’est à l’exploitant de trouver des solutions aux problèmes qu’il rencontre.
Le passage au mode adaptatif passera peut-être pour lui par une diversification nouvelle de son activité. C’est une façon de sortir du mode automatique. Mais c’est aussi une nécessité d’affronter de nouvelles techniques, de nouveaux risques, de nouvelles manières de faire. Ça peut faire peur mais c’est la seule façon de s’en sortir.
Dites-vous que le stress peut être positif ?
On peut voir le stress comme une sorte d’alerte incendie : c’est un signal d’alarme très utile qui nous invite à sortir de notre cadre. Le stress nous avertit d’un danger lointain, celui de l’inertie. Alors oui, c’est une façon de trouver du réconfort dans les situations stressantes.
Comment se tenir devant un salarié stressé ?
Les lois françaises responsabilisent beaucoup l’agriculteur employeur, comme tous les chefs d’entreprise, sur les risques psychosociaux au travail. C’est un paradoxe parce que ce risque-là est très individuel. Chacun vit le stress différemment alors que le risque de tomber d’une échelle est à peu près le même pour tout le monde.
Cette contrainte oblige l’employeur à personnaliser sa relation managériale. Il doit débrancher son jugement et entrer dans une évaluation objective du travail du salarié tout en identifiant avec lui ce qui l’irrite. Pour faire cela, il faut soi-même être clair sur ses propres irritants pour, d’une part, ne pas ajouter du stress et, d’autre part, être en mesure d’adopter une attitude d’écoute.