Quels réseaux sociaux l’employeur agricole peut-il utiliser pour recruter ?

À côté des outils traditionnels et des outils plus récents comme les jobboards ou Leboncoin.fr, on voit que les réseaux sociaux prennent plus de poids dans l’univers de l’emploi agricole, y compris pour la production. Le réseau le plus populaire en France, c’est toujours Facebook. Il contient désormais, avec Facebook jobs, un espace totalement consacré au marché de l’emploi. Il existe aussi des groupes Facebook affectés au partage des offres et des demandes d’emploi à l’échelon départemental ou national. Mais il n’y a pas toujours de structures spécialisées derrière ces groupes parce que n’importe qui peut les créer.

Le réseau historique de l’emploi, c’est LinkedIn mais il faut savoir que, en pratique, il faut payer pour voir son annonce massivement diffusée. Enfin, des réseaux qui fonctionnent autour des groupes d’affinité, comme Whatsapp ou Messenger, sont des bons vecteurs de diffusion des annonces de groupes en groupes.

Comment utiliser Facebook jobs ?

L’employeur accède à son espace de création d’annonce depuis sa page d’entreprise. Ce qui veut dire qu’il faut déjà l’avoir créée. Elle ne doit pas être bâclée parce que c’est elle que les candidats vont voir en premier.

À la création de l’annonce, le recruteur décrit le poste, donne son adresse, etc. dans un cadre déjà formaté par Facebook. Il peut déjà poser des questions aux candidats potentiels. L’entreprise recevra les réponses par messenger ou par mail.

Facebook met à disposition un espace complet pour gérer les annonces et assurer leur suivi. Le recruteur peut accéder à la fiche du candidat. De son côté, le prétendant dispose sur Facebook d’un accès aux offres publiées dans un rayon de 150 kilomètres autour de lui. Pour postuler, il accède à un formulaire qui s’apparente à un curriculum vitæ.

Si on débute dans ce système, je conseille de regarder dans un premier temps la façon dont les offres de recruteurs expérimentés sont rédigées. C’est une source d’inspiration sécurisante. En agriculture, plusieurs Anefa départementales utilisent intensément ce système.

Quelles sont les bonnes pratiques du recrutement par les réseaux sociaux ?

Je distingue trois périodes du recrutement où il faut être très attentif à ce qu’on fait.

En premier, avant même de diffuser une annonce, le recruteur doit avoir travaillé son profil ou sa page ; lui donner un aspect propre et professionnel. On comprend assez intuitivement que les candidats ne doivent pas montrer leurs photos de soirées arrosées puisque le recruteur va les voir aussi. Mais cette pratique est aussi valable pour l’exploitation qui recrute. Donne-t-elle une image fidèle d’elle-même ? Les informations sont-elles transparentes et à jour ?

La deuxième phase, c’est celle où on publie l’annonce. Je conseille de le faire depuis une page professionnelle, et pas un profil personnel, dans laquelle on explique bien ce qu’est l’entreprise. L’annonce elle-même doit être bien rédigée et sans faute. Faites-la relire en cas de doute. Elle doit présenter clairement le poste et ne pas mentir. Ce serait prendre un risque juridique élevé parce que les internets gardent des traces de tout ce qui est publié sur les réseaux.

La troisième phase, c’est celle qui a trait à la vie de l’annonce. Les employeurs doivent accuser réception de la candidature, quitte à programmer une réponse automatique pour ne pas y consacrer tout leur temps. Il faut répondre à chaque candidat même en cas de refus pour qu’il puisse tourner la page. Si l’offre est pourvue, il faut aussi le dire sur les réseaux sociaux.

L’employeur doit avoir conscience que les candidats mal traités — je ne veux pas dire par là ceux qui ont été refusés mais ceux qui jugent méprisante l’attitude du recruteur — vont à leur tour utiliser les réseaux sociaux pour le faire savoir autour d’eux. On retrouve là la notion de marque d’employeur, c’est-à-dire la cohérence entre l’image de l’entreprise et la réalité.

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L’attitude, le vocabulaire, les attentes sont-elles différentes sur les réseaux sociaux que dans la vie non numérique ?

Les réseaux sociaux ne sont pas un espace à part. L’attitude qu’on y adopte pour une action professionnelle doit y être aussi professionnelle. Le candidat, mais aussi l’employeur, doit apurer ses engagements sociétaux ou politiques, ses photos de soirées arrosées, etc.

On peut le faire avec les règles de confidentialité de chaque message sur Facebook mais je conseille aux candidats de créer un autre profil, ouvert et professionnel, pour bien séparer les choses sans risque de se tromper de profil à chaque publication.

Comment faire un recrutement discret sur les réseaux sociaux ?

Quel que soit le réseau, il est toujours possible de s’adresser directement à quelqu’un par un message privé. Dans certains réseaux et selon les profils, il faut que l’interlocuteur accepte au préalable de rentrer en relation. Ce n’est jamais qu’une première prise de contact. Ensuite, la discussion peut se poursuivre par mail puis par téléphone.

À l’inverse, ne pas être sur les réseaux sociaux, c’est se couper de certaines opportunités de recruter un bon candidat.

Quelles sont les limites des réseaux sociaux pour le recruteur agricole ?

Sur les réseaux sociaux, on ne sait pas qui on va trouver quand on publie une annonce. Peut-être le bon candidat, c’est vrai, mais aussi, plus certainement, un peu n’importe qui. Cette crainte peut rebuter des agriculteurs qui aimeraient bien tenter l’aventure.

Pour ma part, à un employeur qui ferait sa première tentative de recrutement par les réseaux sociaux, je lui dirais de se faire aider par des professionnels du marché de l’emploi comme l’Anefa ou même d’en discuter avec des collègues plus expérimentés.

L’employeur agricole n’est pas forcément un expert des ressources humaines. Il est donc important de ne pas bâcler son recrutement parce que cette opération contient aussi son propre risque juridique si on fait n’importe quoi.

Propos recueillis par Éric Young