«Le picking est un travail dur, mais confortable psychologiquement, sans responsabilité et sans engagement », explique Brice Coste, un Français qui vient de terminer son permis visa vacances travail (PVT) en Australie. Pendant deux ans, il a été employé dans de nombreuses fermes pour ramasser des myrtilles, oranges, mandarines… On appelle les travailleurs saisonniers les « backpackers » (routards en français), car ils logent souvent dans des auberges de jeunesse, qui les mettent en relation avec des fermiers. Les « fruitpicking », « packing » ou « pruning » peuvent être payés à l’heure ou au rendement, avec un salaire à « la bin » (un bac de fruits). Le revenu minimum horaire reste assez élevé : entre 14 et 24 euros.

« Vol de salaire »

Près de 200 000 PVTistes (nom donné aux détenteurs de PVT) travaillent en Australie. Ce sont principalement des Belges, Français, Britanniques, Allemands, Coréens et Taïwanais. La France fait partie des dix-neuf pays auxquels l’Australie accorde un PVT pour les moins de 31 ans. Il a été question, en 2017, de rallonger l’âge maximum à 35 ans pour combler le manque de travailleurs saisonniers mais, à ce jour, aucune modification de la réglementation n’a été effectuée.

Pour prolonger leur visa d’un an, les PVTistes doivent effectuer obligatoirement 88 jours dans des domaines précis, qui sont l’agriculture, la construction ou la mine. Environ 40 000 « backpackers » effectuent ces trois mois, bien souvent en zone rurale. Une récente étude universitaire (1) montre cependant qu’un tiers des étudiants et routards étrangers qui travaillent en Australie ne sont rémunérés que la moitié du minimum légal. Le « vol de salaire » serait largement répandu, selon l’étude, notamment dans le ramassage saisonnier de fruits et légumes. De son côté, Brice a toujours eu de bonnes conditions. « J’ai été embauché pour de l’élagage dans les vignes. Comme j’étais Français et que mon employeur vendait du vin, il me faisait parler au téléphone avec ses acheteurs, cela donnait une bonne image de son entreprise », se souvient-il.

Ce type de visa permet aussi de découvrir de nouveaux métiers. « Pendant ces deux ans, j’ai appris des notions de permaculture et de nouvelles techniques agricoles que je pourrai réutiliser ! », souligne Brice.

(1) Laurie Berg et Bassina Farbenblum, Wage Theft in Australia : Findings of the National Temporary Migrant Work Survey.