Le début des premières campagnes de l’année pour recruter des saisonniers en agriculture augure d’un maintien des tensions sur le marché de l’emploi.

« Ce n’est pas encore la crise mais on sent que ça se tend un peu plus », résume Henri Senant, maraîcher sous serre au Relecq-Kerhuon, à côté de Plougastel-Daoulas (Finistère). Le 4 février 2020, il participe, avec dix autres agriculteurs, à un job-dating afin de recruter dix personnes amenées à compléter la douzaine de saisonniers habituels pour la récolte des fraises gariguettes. « Il y a moins de candidats. L’an passé, un seul job-dating m’avait suffi pour former une équipe. Cette année, il en faudra au moins deux », détaille-t-il. Les premiers job-datings agricoles dans cette région du Finistère attirent de 20 à 30 % de candidats en moins par rapport à l’an passé.

 

À lire aussi :« J’ai décroché un emploi lors d’un job-dating » (07/09/2018)

Un manque d’attrait

En Vaucluse, où les actions de recrutement des saisonniers n’ont pas débuté, Brigitte Amourdedieu, viticultrice et présidente de l’Adpea (Association départementale pour l’emploi en agriculture), constate la même tendance : « On n’arrive pas à amener les demandeurs d’emploi vers nos métiers. » Elle y voit un signe de la pénibilité des métiers et de la mauvaise image de l’agriculture chez les jeunes.

 

Les indicateurs économiques nationaux s’orientent plutôt, en parallèle de la baisse du chômage, vers une tension sur les recrutements. Depuis 2015, le taux de chômage ne cesse de diminuer passant de 10,2 % au deuxième trimestre de 2015 à 8,3 % de la population active au troisième trimestre de 2019. Les créations nettes d’emploi restent positives trimestre après trimestre depuis 2017 dans les autres secteurs d’activité que l’agriculture (industrie, construction, services marchands).

L’agriculture n’est pas le seul secteur à recruter localement

Gilles Burel, Anefa de Quimper.

Gilles Burel, coordinateur de l’Anefa de Quimper (Association paritaire pour l’emploi et la formation en agriculture), généralise ce constat : « L’agriculture n’est pas le seul secteur à recruter localement. Avec un taux de chômage réduit à 7 % de la population active dans le département, on trouve encore des candidats mais il n’y a pas forcément une bonne adéquation entre leurs profils et les attentes des employeurs. »

 

Chef de culture chez un producteur de tomates sous serres à Loperhet (Finistère), Stéphanie Burel participe au même job dating qu’Henri Senant : « Beaucoup de candidats potentiels n’ont pas envie de travailler en agriculture. Pour la première fois, j’en vois qui refusent de travailler au contact des produits chimiques. »

 

À lire aussi :Agriculteur, un métier très mal vu ? (07/06/2018)

Au moins dix mille offres non pourvues

Selon Mickaël Jacquemin, le président de l’Anefa nationale, au moins dix mille offres d’emploi dans la production agricole ne trouvent pas de candidats chaque année. Les principaux métiers en tension restent la conduite et la maintenance des matériels agricoles auquel s’ajoutent désormais les emplois peu qualifiés en contact avec le produit (récolte, manutention, ensachage…) parce que l’exigence de qualité de la présentation des produits est plus forte, selon les observations de l’opérateur de compétences Ocapiat (ex-Fafsea et ex-Opcalim).

Une plate-forme pour promouvoir le métier

Au Salon de l’agriculture, du 22 février au 1er mars à Paris, douze (1) acteurs de l’emploi et de la formation agricoles se réuniront sous une même bannière, Agri’recrute, pour promouvoir l’emploi dans l’agriculture et l’agroéquipement avec le slogan « L’agriculture vous tend les bras ». Pendant neuf jours, ils animeront un pôle commun pour montrer aux six cent mille visiteurs du salon la diversité des métiers dans l’agriculture.

 

Le ministère de l’Agriculture participera aussi à l’effort de valorisation des métiers agricoles. Dès la fin du Salon de l’agriculture, il lancera un bus sur les routes de France, sous la bannière « L’aventure du vivant », pour promouvoir auprès des jeunes le panel des métiers couverts par les formations de l’enseignement agricole.

 

À voir aussi : le site de L’Aventure du vivant

Lien utile :Job-agri, l’emploi agricole (offres d’emploi et de recrutement des métiers de l’agriculture)

1. Anefa, Apecita (emploi des cadres agricoles), Aprefa (enseignement agricole public), Aprodema (agroéquipement), CFE-CGC (syndicat des cadres), Cneap (enseignement agricole privé), FNEDT (entrepreneurs de travaux agricoles), FNSEA, Ocapiat, UNMFR, Unrep (enseignement agricole privé) et Vivea.