«Si on m’avait dit, il y a dix ans, que je ferais les saisons agricoles, je n’y aurais pas cru ! », s’exclame Barbara Moreau. Pourtant, le parcours de cette Poitevine de 37 ans lui a réservé bien des surprises. Après une formation dans le secrétariat, elle a travaillé plusieurs années dans un garage comme secrétaire-pompiste. Suite à un licenciement économique, elle intègre une entreprise de téléphonie en tant que chargée de clientèle. « Je passais mes journées avec un casque sur les oreilles, sans aucun contact visuel. » Cette expérience lui a permis de se remettre en question sur ses réelles motivations dans la vie. « Je n’étais pas épanouie, j’ai donc démissionné. »
Après cinq mois de recherches vaines, elle se rend par hasard à un forum agricole. « J’y ai rencontré l’Adema (1), qui m’a proposé un mois de découverte des métiers de l’agriculture, dont une semaine de formation. » Contre toute attente, cette immersion professionnelle plaît beaucoup à Barbara. Elle décide de suivre une formation pour adulte au lycée agricole de Thuré (Vienne). « Au début, entourée d’élèves de 13 à 18 ans, je me demandais ce que je faisais là. Je me suis accrochée car les cours étaient très intéressants. » Durant son CAPA Horticole, spécialisé dans les productions légumières et florales, elle visite de nombreuses exploitations. « J’ai rencontré des gens passionnés qui racontaient leur amour du métier. »
Relation de confiance
Sortie majeure de sa promotion en 2014, après un CDD dans un magasin de jardinage, elle signe un contrat de quatre mois dans une exploitation viennoise spécialisée dans le maraîchage sous serre (tomates, courgettes, poivrons…) et les melons de plein champ. « J’ai ramassé des légumes, castré du maïs, trié du tabac et même tenu un point de vente en bordure de route pour vendre les légumes de l’exploitation. Cette diversité m’a beaucoup plu car je pouvais concilier agriculture et contact avec la clientèle. »
À la suite de ce contrat, des amis lui ont proposé de faire la saison des vignes sur leur ferme. Une routine s’est progressivement installée : depuis deux ans, Barbara jongle entre son activité de saisonnière dans les deux exploitations agricoles et viticoles et des CDD de vendeuse dans un magasin de jardinage. « Je ne cherche pas à avoir trop d’employeurs, je préfère travailler dans une relation de confiance. Les agriculteurs aiment retrouver les mêmes personnes d’une année sur l’autre. Ils n’ont pas besoin de nous former à nouveau. » Elle a d’ailleurs passé son Caces 3 et 8 (conduite d’un élévateur et d’un tracteur) afin d’avoir des compétences supplémentaires, notamment pour les travaux melonniers, production phare de sa région.
Loin de l’esprit de compétition de son métier de chargée de clientèle, Barbara apprécie l’autonomie et la liberté que lui offrent ses nouvelles activités. « Être saisonnière m’a permis d’aller de l’avant, je ne porte plus le même regard sur les impératifs de la vie. »
(1) Organisme professionnel qui facilite l’embauche des demandeurs d’emploi au moyen de stages de découverte.