«Au-delà de 25 °C, la plupart des plantes des prairies sont en arrêt végétatif, observe Élodie Roget, ingénieure régionale fourrages Arvalis à la ferme expérimentale de Jeu-les-Bois, dans l’Indre. L’essai conduit avec le réseau Herbe et fourrages du Centre-Val de Loire intègre de nouvelles légumineuses, le cowpea et le lablab, et des graminées, comme le sorgho, le moha ou le millet perlé, connues pour leur adaptation aux stress hydrique et thermique. »
Jusqu’à 3 t de MS/ha en quatre mois
Commencée en 2019, l’étude intègre en 2020 de nouvelles graminées, notamment le teff grass et la téosinte. « Cette année, après chaque exploitation, fin juillet et fin août, la valeur alimentaire sera mesurée, en plus de l’évaluation du rendement », explique-t-elle. Ainsi, l’énergie et la matière azotée produites pourront être mises en perspective avec le coût de la semence.
Les conditions de l’année dernière étaient contrastées, puisqu’après un printemps humide, juillet et août avaient été secs, avec des pics de température à plus de 35 °C pendant dix jours. « La levée, après le semis tardif – mi-juin – était hétérogène, explique l’experte. Les légumineuses étaient présentes, mais elles avaient disparu lors de l’exploitation en septembre. Les rares pluies, 58 mm entre le semis et le 19 septembre, ont été bien valorisées par les plantes. Au total, la production des onze bandes jusqu’à fin septembre oscille entre 1,3 et 3 t de MS/ha. Celles incluant le sorgho multicoupe enregistrent les meilleurs rendements, variant de 2,56 à 3,05 t de MS/ha. L’association avec le trèfle de Perse a réalisé le plus mauvais score, avec à 1,34 t de MS/ha, à égalité avec l’association millet perlé et trèfle de Perse. Toutes les espèces sont adaptées au pâturage. « Les animaux ont consommé le sorgho et le moha en premier », précise Élodie Roget. Le millet perlé est l’espèce la moins prisée. Les génisses ont mangé cette bande de culture de 5 mètres de large en dernier et l’ont choisie pour s’y coucher.
Contrôle de l’Impact de la fertilisation
« Cette année, les semis se sont déroulés les 27 et 28 mai 2020 », rapporte la spécialiste. Cette année, le protocole comprend dix-neuf bandes. Des graminées africaines comme le teff grass ou le blé égyptien entrent dans le dispositif. Une variété de sorgho hybride, Octane, issue du croisement entre une espèce fourragère et sucrière, sera également évaluée. « Nous testerons le maïs en pur et en association avec le lablab, car c’est une plante pour laquelle de nombreux exploitants disposent de références sur leur exploitation », ajoute-t-elle. 50 unités/ha d’azote sur une partie de l’ensemble des dix-neuf bandes ont été épandues le 11 juin pour contrôler l’impact de la fertilisation.
De nombreuses interrogations demeurent sur la conduite des associations. Les graminées ont besoin d’azote au démarrage, mais quel effet aura-t-il sur le cowpea ou le rongaï qui, par ailleurs, n’ont pas de nodosités et pour lesquels il n’existe pas encore d’innoculum en France ? Premières réponses le 24 juillet 2020 à partir de 14 heures sur la plateforme, pour une visite ouverte à tous.
M.-F. Malterre