Seul pour mener une exploitation de 75 ha spécialisée en lait, Vincent Buffier mise sur la maîtrise des coûts pour dégager un revenu correct avec un petit troupeau. « Je maintiens l'effectif à 30 prim'holsteins et je ne garde que 6 à 7 génisses par an en les faisant vêler à 24 mois, afin de ne pas avoir à acheter de fourrages », relève l'éleveur, installé aux Monts Verts en Lozère.
Avec 0,5 UGB/ha, le système reste extensif. À 1000 m d'altitude, il compte sur l'herbe pour assurer son autonomie avec 15 ha de prairies temporaires asssociant dactyle, luzerne et ray-grass anglais, 17 ha de prairies naturelles et 37 ha de pâtures. 6 ha de céréales fournissent la paille et le grain pour le concentré. Le foncier est réparti en dix îlots groupés autour de la stabulation, sans grande route à traverser.
« Je déplace ainsi facilement les vaches seul avec l'aide de mon chien », note-t-il. En 2011, grâce à un remembrement qui a permis d'élargir les chemins, il a pu accéder à toutes les pâtures en tracteur. "J'y amène du fumier et de la chaux, qui améliorent la production d'herbe".
Déprimage précoce
Les laitières sortent début avril et tournent pendant un mois sur les prés de fauche. Puis les pâtures prennent le relais. « L'herbe jeune stimulant bien la production laitière, je réduis de moitié le tourteau », indique l'éleveur. Après ce déprimage, il ensile ou fane fin mai ou début juin une herbe jeune d'une bonne qualité. « Dans les pâtures, dès que celle-ci devient plus ligneuse, je remonte le tourteau », précise Vincent.
Il privilégie ainsi la production de lait d'autonome, qui atteint 6 200 l par vache sur une moyenne contrôlée de 7 500 l. L'éleveur n'utilise que 183 g/l de concentré, contre 271 g/l en moyenne dans sa zone. Mais pour lui, pas question d'acheter plus pour produire plus. Son coût alimentaire s'établit à 77 €/1000 l et sa marge sur coût à 272 €/1000 l. Les vaches, qui bénéficient de logettes paillées, sont en bonne santé. Les mammites et les boiteries sont rares et les frais vétérinaires très réduits.
Pas de Dac
Vincent veille aussi à maîtriser les autres charges. Une bonne partie du matériel de culture est en Cuma ou en copropriété. Dans la stabulation, il n'a pas voulu investir dans un Dac, qu'il juge trop coûteux pour un petit troupeau. Tout le concentré est distribué à l'auge. « En complément de l'ensilage d'herbe et du foin, je donne des céréales et la moitié du tourteau de colza le matin, et l'autre moitié du tourteau avec des pulpes de betterave le soir ».
Dans la salle de traite, l'éleveur n'a pas opté pour le décrochage automatique. « Avec une installation en 2 x 3 postes, il me faut seulement 40 minutes pour traire mes 30 laitières », note-t-il. Le travail d'astreinte le mobilise le matin de 6 h à 8 h et le soir de 17 h à 19 h 30. Son organisation est bien rodée.
« Ma femme travaille à l'extérieur. Quand nos trois enfants étaient petits, c'est moi qui allais les chercher à l'école et qui les accompagnait dans leurs activités le mercredi après-midi », relate Vincent. En anticipant bien les tâches, il arrive à tout faire à temps sans se sentir débordé. « Je vais continuer seul jusqu'à la retraite, avant de passer le relais à un de mes fils dans quelques années », envisage-t-il.