Sur l’exploitation de la famille Garnier, l’assolement de 2017 compte onze cultures différentes : blé, escourgeon, lentilles, colza, betterave, orge de printemps, chanvre, maïs, luzerne porte-graines, persil, coriandre semences, pomme de terre. C’est un record, bien que la diversité des activités fasse partie de l’ADN de l’exploitation.
« Mon père, témoigne Adrien Garnier, cultivait des cornichons, avant que l’usine Amora ne ferme ses portes, et a produit des oignons. Il a aussi monté un poulailler. Sécuriser les revenus face aux aléas des marchés et du climat, étaler la charge de travail ont toujours fait partie de nos priorités. »
La diversification permet de valoriser l’hétérogénéité des sols de l’exploitation et de faire jouer les synergies entre cultures. « La lentille cultivée depuis quatre ans (23 ha en 2017) et pour laquelle nous avons un prix fixe (550 €/t) est un très bon précédent pour le blé et les cultures suivantes. Elle laisse de bons reliquats en azote. »
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Colza, maïs et luzerne en baisse
Le chanvre est cultivé depuis neuf ans et concerne 8 ha en 2017. La maîtrise des conditions de récolte (une priorité en septembre) ainsi que le stockage de la paille plusieurs mois constituent les clés de réussite. Un hangar construit initialement pour les oignons a été agrandi pour stocker les ballots. L’introduction du chanvre dans la rotation fait baisser l’IFT (indice de fréquence de traitement).
L’assolement et les rotations varient régulièrement en fonction des difficultés rencontrées sur certaines cultures (altises sur le colza) et des opportunités qui se présentent. « De 15 ha de luzerne porte-graines, nous sommes tombés à 6 ha à cause des limaces, témoigne ainsi le jeune agriculteur. Le persil (2 ha) et la coriandre semences (une douzaine d’ha) ont compensé cette baisse cette année. Selon les marges et compte tenu des contraintes liées à ces nouvelles cultures (stockage de plusieurs mois), nous verrons si nous les poursuivons. »
La sole de maïs est également tombée de 25 à 7 ha à cause des coûts trop élevés de séchage et d’irrigation. « Peut-être arrêtera-t-on le maïs si la culture de la betterave, à nouveau possible sur le secteur après dix ans d’arrêt, confirme son intérêt », avance Adrien. Dans le cadre d’une relance opérée par la coopérative Sucre Union, 16 ha ont, en effet, été implantés cette année sur l’exploitation. La culture de betteraves, pois, maïs, gourmandes en eau les mois les plus secs, est rendue possible par l’existence d’un système d’irrigation, mis en place il y a une trentaine d’années et amélioré depuis. Ainsi, 45 % des terres de l’exploitation sont irrigables. Semées le 23 mars à 110 000 graines à l’hectare sur un terrain labouré, les betteraves arrosées à trois reprises entre le 19 juin et le 25 juillet ont résisté à la sécheresse du début de l’été. « La plante est plus résiliente que le maïs », observe Adrien. Le sol avait été préalablement fumé à raison de 3 t/ha de fumier de fientes de volailles, et préparé par un passage de vibroculteur Germinator (Kongskilde). Et 70 unités d’azote liquide ont aussi été incorporées au sol.
100 t/ha espérés en betteraves
Pour le désherbage, les agriculteurs ont eu recours à trois produits (1) à petite dose : des antidicotylédones avec un traitement localisé antigraminées sur les fourrières des chemins. Un passage à la bineuse a été réalisé juste avant le recouvrement des betteraves.
Cette année, un seul fongicide a été fait, à la mi-juillet. Un second sera peut-être effectué sur les betteraves qui seront arrachées les plus tardivement.
Pour leur première année, les agriculteurs espèrent récolter 100 t/ha. Récoltées par entreprise, les betteraves seront transformées à la sucrerie de Corbeilles-en-Gâtinais, à 60 km de la ferme. Elles devraient être payées au moins 25 €/t pendant cinq ans. Pour en planter, les agriculteurs ont dû acheter des parts sociales à la coopérative et payer des droits d’entrée dans la sucrerie (6 €/t en une fois).
Mener 11 cultures différentes n’est pas simple : il faut assumer la charge et les pointes de travail (voir l’infographie), mais aussi maîtriser les connaissances et les techniques. « Les six premières années, nous avons besoin de conseil, souligne Adrien. L’échange avec d’autres professionnels et l’appui de collectifs (Ceta Chichery et des agriculteurs de Brienon dans le cadre du projet chanvre) nous est alors précieux. »
(1) Bétanal, Tramat, Goltix.