C’est au domicile que l’on gaspille le plus : à raison de 19 kg par habitant sur un an, soit 1,3 million de tonnes en France pour 2023. C’est un peu plus d’un tiers du gaspillage alimentaire total. Cependant, toutes les étapes de la chaîne alimentaire sont concernées. Au niveau de la production primaire — dans les exploitations agricoles notamment — , le gaspillage alimentaire représenterait 14 kg par habitant (990 000 tonnes), auxquels s’ajoutent encore 9 kg au niveau de la transformation et de la fabrication des aliments (640 000 tonnes), 8 kg en consommation hors domicile (540 000 tonnes) et 4 kg dans les commerces (300 000 tonnes).

Ainsi, en France, en 2023, la quantité de déchets alimentaires comestibles considérés comme du gaspillage alimentaire s’élève à 3,8 millions de tonnes, soit 55 kg par habitant en moyenne.

40 % des déchets alimentaires sont du gaspillage

À savoir que tous les déchets alimentaires ne sont pas assimilés à du gaspillage alimentaire. En France, le gaspillage alimentaire est défini dans le code de l’environnement comme « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée ». Les os, les épluchures et les coquilles d’œuf sont des déchets alimentaires, mais non comestibles, ils ne s’apparentent pas à du gaspillage.

En 2023, 9,7 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produites en France sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Par habitant, cela représente 142 kg pour une année. Et 40 % de ces déchets sont assimilables à du gaspillage alimentaire.

1,3 million de tonnes perdues à la récolte

« En France, 1,3 million de tonnes de déchets alimentaires sont générées au stade de la production primaire, soit 0,9 % des aliments récoltés », précise le service des données et études statistiques. Ce pourcentage varie selon les types de production agricole. « La pomme de terre est la culture qui génère le plus de déchets alimentaires par rapport à la production (9 % de la récolte), suivie des légumes (3,2 % en moyenne) et des fruits (2 %). Certaines cultures ne génèrent aucun déchet alimentaire grâce à de la valorisation animale (cas des protéagineux). »

La production agricole génère relativement peu de déchets par rapport à d’autres étapes de la chaîne alimentaire. Elle représente 13 % des 9,7 millions de tonnes comptabilisées en 2023, quand la consommation à domicile en crée 43 %.

En revanche, c’est au stade de la production primaire qu’il y a la plus grande proportion de gaspillage, quand l’aliment entier est jeté. Les trois quarts des déchets jetés à ce stade sont de la nourriture comestible. C’est aussi le cas de la moitié des déchets en restauration hors domicile. Cette part de gaspillage se réduit à 37 % au stade de la distribution, 31 % en consommation à domicile et 27 % durant la transformation des aliments.

La méthodologie européenne minorerait le gaspillage

Le gaspillage alimentaire est d’une telle ampleur qu’il fait l’objet d’une stratégie de lutte au sein de l’Union européenne. Depuis 2020, les États membres doivent notamment communiquer leur volume de déchets alimentaires selon une méthodologie d’évaluation harmonisée. Les résultats présentés ici répondent à cette méthodologie.

Dans cette évaluation, ne sont pas comptés parmi les produits gaspillés : les produits agricoles non récoltés, les denrées évacuées avec les eaux usées, les denrées redistribuées pour la consommation humaine et animale, les denrées transformées pour l’alimentation animale.

La méthodologie employée par l’Agence de la transition écologique (Ademe) en France diffère par la prise en compte des pertes à la récolte, des pertes non comestibles post-récolte et des déchets revalorisés en alimentation animale. « Ce périmètre beaucoup plus large conduirait, en 2023, à une estimation plus de deux fois supérieure au gaspillage alimentaire mesuré ici », souligne le service des données et études statistiques.