Dans un tweet publié au matin du 17 novembre 2022, Oleksandr Kubrakov, le ministre ukrainien en charge des Infrastructures, a annoncé que le corridor d’exportation mis en place en mer Noire sera prolongé de 120 jours. Cet accord, signé entre la Russie, l'Ukraine, la Turquie et les Nations unies, permet à l’Ukraine de maintenir ses exportations de céréales malgré la guerre.
#BlackSeaGrainInitiative will be prolonged for 120 days. 🇺🇦 @ZelenskyyUa together w/ @antonioguterres 🇺🇳@UN, 🇹🇷 @RTErdogan & Minister of Defence Hulusi Akar @tcsavunma made another important step in the global fight against the food crisis.
Trois des parties impliquées dans cet accord, la Turquie, l'Ukraine et les Nations unies ont confirmé jeudi matin la poursuite de cette entente qui associe également la Russie, mais Moscou n'a pas confirmé à ce stade.
L'accord initial, signé le 22 juillet 2022, prend fin le 18 novembre 2022 soir. Il a permis d'exporter 11 millions de tonnes de céréales en quatre mois. Les marchés semblaient avoir déjà intégré la perspective d'une reconduction.
"Mêmes conditions"
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "salué" la nouvelle dans un communiqué transmis par le Centre de coordination conjointe (JCC) basé à Istanbul, qui supervise les mouvements de bateaux via le Bosphore. Selon un haut responsable turc, s'exprimant sous couvert d'anonymat, l'accord a été étendu pour quatre mois "selon les mêmes conditions" que celles observées depuis le mois de juillet.
Selon ce responsable, toutes les parties se sont entendues pour que "l'accord reste en place pour 120 jours durant les mois d'hiver" et de "nouveaux arrangements" puissent [pourront] être pris ensuite à la sortie de la mauvaise saison en mer Noire. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'un des artisans de cet accord, s'était dit mercredi "convaincu" que l'accord serait reconduit.
Encore 10 millions de tonnes bloquées
D'intenses tractations sous l'égide de l'ONU étaient menées ces dernières semaines pour assurer la prolongation de ces arrangements, alors que plus de dix millions de tonnes de céréales restent encore bloquées dans les silos de l'Ukraine.
Dans son communiqué, Antonio Guterres précise que "l'ONU est pleinement engagée à lever les obstacles qui entravent les exportations de produits agricoles et d'engrais de la Fédération de Russie". Moscou s'était temporairement désengagé de l'accord et avait exigé sa suspension le mois dernier, après la chute d'un missile en Crimée annexée, avant d'y revenir. La Russie a insisté ces dernières semaines sur le principe agréé l'été dernier de ses propres exportations d'engrais et de produits alimentaires. Un accord séparé, parallèle à celui sur l'Initiative des céréales en mer Noire, avait été signé le 22 juillet à Istanbul.
"Travailler dur"
La semaine dernière, des négociateurs russes et des Nations unies se sont retrouvés pendant plusieurs heures à Genève, le siège de l'ONU. Les produits agricoles ne tombent pas sous le coup des sanctions à l'égard de la Russie, mais en raison des risques liés au conflit encourus en mer Noire, les armateurs ne voulaient plus engager leurs bateaux faute de trouver à les assurer.
Selon une source au sein des Nations unies, associée aux tractations, il a fallu "travailler dur" pour trouver les moyens de garantir les exportations russes. Selon cette source, un cadre a pu être établi "en matière d'assurance, d'accès aux ports, de transactions financières et d'accès au transport maritime", cohérent avec les trois systèmes de sanctions en vigueur, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Union européenne.
"Il fallait clarifier ce cadre politique pour que les acteurs du secteur privé soient prêts à se réengager avec la Russie", a expliqué cette source. L'accord trouvé a permis d'ouvrir la voie à la poursuite du commerce en mer Noire.