« La génétique aubrac, c’est une affaire de famille ! », avertit Jérôme Malvezin, qui a rejoint Michel, son père, depuis 2013 à Montsalvy (Cantal). Ce dernier s’était installé en 1982 à la suite de son père, Pierre, qui élevait des vaches aubracs en achetant des taureaux sélectionnés depuis 1948. « Nous apprécions la rusticité de ces bêtes, capables de privilégier leurs veaux à elles quand les conditions sont difficiles. Elles vêlent facilement et allaitent les veaux en valorisant l’herbe. »

Index, morphologie et docilité des animaux

Les 80 mères mettent bas de janvier à mars. Elles sortent à l’herbe le 15 avril pour assurer des saillies dans de bonnes conditions. Cinq mâles, dont trois acquis à la station de qualification de La Borie de l’Aubrac à Saint-Chély-d’Aubrac (Aveyron), assurent la monte naturelle. « Nous basons la sélection sur les index, la morphologie et la docilité des animaux », expliquent Michel et Jérôme.

Pour choisir ces derniers, les deux éleveurs ont établi des seuils minimum de 100 en index facilité de naissance, 107 en index lait, et des seuils maximum de 100 à 110 en développement squelettique et en développement musculaire. « Des taureaux ont marqué l’élevage. Parmi eux, Gentil, obtenu à la station en 2012, né au Gaec Reversat (Lozère) et fils d’Apôtre, qui a vu le jour chez Jean-Louis Bertrand (Cantal). Nous sélectionnons en outre les mâles à la station sur leur caractère, l’ouverture de leur bassin, la ligne de dos parallèle à la ligne de dessous, de bons aplombs, une profondeur de poitrine, une couleur un peu grise et un noir marqué sur les extrémités. »

Par ailleurs, une dizaine de vaches sont inséminées chaque année. Les veaux mâles, destinés à devenir des reproducteurs, et toutes les femelles sont dressés selon la méthode Souvignet au sevrage pour leur docilité.

Avec une SAU de 102 ha, dont 77 ha de prairies temporaires, 17 ha de permanentes et 8 ha de triticale, une gestion rigoureuse du pâturage tournant et des récoltes assurent une autonomie alimentaire en herbe pâturée (pas d’utilisation d’estive), en fourrages, en céréales et en paille. Seules 10 t de correcteur azoté sont achetées par an. La douzaine de veaux mâles vendus en reproducteurs et les femelles reçoivent 2 kg par jour d’un mélange de deux tiers de céréales et un tiers de correcteur azoté uniquement après le sevrage. Les mâles commercialisés en broutards alourdis pour l’export en Algérie à 430 kg vifs (vendus 1 145 € de moyenne) en reçoivent également.

Du foin et de l’herbe au menu

Sans nourrisseur, les veaux affichent des GMQ naissance-sevrage de 1 250 g pour les mâles et 1 150 g pour les femelles. Durant l’hiver, les vaches reçoivent de l’ensilage et 80 g de minéraux le matin et du foin le soir, complété de regain le soir lorsqu’elles ont vêlé. « Nous plaçons un veau par an à la station d’évaluation depuis 1982, et deux par an depuis 2017, précise Michel. Nous avons une clientèle fidélisée pour les reproducteurs. »

Les mâles reproducteurs (avec gène culard, BVD et contrôle de filiation) sont cédés 1 700 € au sevrage, 2 700 à 3 000 € à 18 mois. Peu de vaches sont vendues en réforme. Les ventes portent sur des couples mères-veaux avec des vaches de moins de 9 ans. Avec un veau par vache par an, la marge brute a été de 1 140 €/UGB en 2019.

Monique Roque-Marmeys