La médiation est un accompagnement pour trouver entre associés une solution partagée aux conflits. Elle relève d’une démarche volontaire de la part des personnes en opposition qui font appel au relais médiation en Bretagne. Marie-Hélène Guimard, jeune retraitée agricole, et Mickaël Blanchard, producteur de lait bio, sont médiateurs depuis respectivement 2013 et 2018. Ils nous expliquent comment se déroule une séance.
1. L’accordsur le désaccord
« Lorsque nous arrivons sur une médiation, nous ne connaissons pas les personnes ni rien sur le désaccord », expliquent Marie-Hélène et Mickaël. Médiateurs et associés se présentent. Chacun s’exprime, précise les faits, sa position. Après avoir pris connaissance des objectifs de la médiation, ils s’engagent à suivre les entretiens individuels, les rencontres collectives ainsi que la réunion de bilan. « La médiation est souvent davantage le fait d’une des parties, il est donc important de passer par cette étape pour que chacun se sente engagé afin d’éviter une médiation subie qui n’aboutirait à rien », souligne l’ancienne agricultrice.
2. La reconnaissance mutuelle
Dans la foulée, les médiateurs rencontrent les parties individuellement. Leur objectif : déterminer d’où vient le différend en analysant les attentes de chacun. « Il est toujours en réunion, je n’ai pas pu emmener mon fils au foot… » Famille, responsabilités, les besoins évoluent au fil du temps. « Le conflit n’est souvent qu’un détail, il n’est que la conséquence d’un besoin inassouvi », affirme Mickaël. Par exemple : « J’ai besoin de temps libre, je n’en ai pas. Je pense que la faute en revient à mon associé parce que les choses ne sont pas réalisées en temps et en heure comme moi je le souhaiterais. » La reformulation donne lieu de faire prendre conscience de cela. Ce sont des incompréhensions mutuelles qui font qu’il n’y a plus de communication. Cette phase permet de décharger toutes les émotions (colère, stress, angoisse…), afin de poursuivre de façon plus apaisée.
La réunion collective offre l’occasion de faire une synthèse des besoins et aspirations de chacun en trouvant les bons mots pour ne pas blesser. Les médiateurs ne sont pas là pour dire qui a tort ou a raison. « Vous ne prenez pas en compte son besoin de rangement. Pour votre associé, c’est important. » Ils entendent les mêmes choses et prennent conscience de ce qu’a ressenti l’autre. « Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? » L’émergence des besoins profonds de chacun renforce la compréhension mutuelle et le dialogue.
3. La recherche de solutions
Continuation, séparation… La troisième phase est celle de la réflexion. « Nous leur demandons de rechercher des solutions. Nous leur laissons suffisamment de temps (deux à trois semaines) car ils peuvent avoir besoin de solliciter le comptable ou un conseiller juridique pour réfléchir aux conséquences, notamment en cas de dissolution. »
Les médiateurs ne s’occupent pas des résultats économiques de l’exploitation. « C’est le moment de prendre du recul, de se poser les bonnes questions. » Si vous continuez, comment faites-vous ? Est-ce qu’un seul arrête ? « Toutes les solutions sont évoquées… Ça ouvre le champ des possibles, résume Mickaël. Si les objectifs des associés ne sont pas les mêmes, mieux vaut se séparer plutôt que d’être malheureux au travail. » Quelquefois, il s’agit juste de réorganisation, par exemple, refaire un règlement intérieur. « Au même titre qu’un bilan comptable, on devrait établir un bilan relationnel dans une société », suggère Marie-Hélène.
4. L’engagementréciproque
Une réunion générale clôt la médiation. Les personnes décident de la ou les solutions et signent un engagement réciproque. « C’est noté noir sur blanc, car le naturel revient très vite au galop », reconnaît Marie-Hélène, par expérience. Il peut être mis en place un échéancier pour rentrer dans un processus actif. Il arrive qu’un bilan humain soit effectué dans les trois à six mois.
Contrairement au conciliateur qui va imposer une solution, dans la médiation, les gens qui en ont recours trouvent leurs propres solutions. Pour certains, deux réunions suffiront, pour d’autres, plus de temps sera nécessaire.
Isabelle Lejas