Qui prendra la suite ? France 3 a lancé, la semaine dernière, une nouvelle émission destinée au recrutement et au renouvellement des générations chez les artisans. Un ébéniste, un confiseur, un luthier, un potier, un artisan-fromager et un maître-verrier, âgés de 30 à 52 ans et répartis sur toute la France, rencontrent des candidats qui ont la volonté de se lancer dans l’artisanat. Tour à tour, ils sont testés sur le terrain.
L’émission, diffusée en première partie de soirée, fait probablement moins sourire que « L’amour est dans le pré ». Son ambition est de susciter les vocations. C’est le dernier coup de maître de la chambre des métiers et de l’artisanat, qui multiplie, depuis des années, les bons plans en matière de communication sous le fameux slogan : « L’artisanat, première entreprise de France ».
L’agriculture pourrait s’en inspirer. Lors de la première réunion, en octobre, de l’atelier 13 des États généraux de l’alimentation destiné à renforcer l’attractivité des métiers de l’agriculture, un représentant de la chambre des métiers et de l’artisanat est intervenu sur la campagne de communication, lancée en 1999 par les artisans, afin de souligner leur poids économique.
Taper dans l’œil
Et le message est passé, selon les résultats du baromètre d’image de la TNS Sofres. « L’outil a reflété une meilleure connaissance des métiers de l’artisanat par les Français. Le baromètre est passé de 25 à 65 %, rapporte le président de l’atelier 13, Sébastien Windsor, exploitant en Seine-Maritime, à la tête de la chambre d’agriculture de son département et de l’école d’ingénieurs UniLaSalle.
La campagne de communication n’a cependant pas facilité les recrutements. « Ça n’était pas leur objectif. C’était une campagne très grand public. » Celle de 2017, davantage orientée vers les jeunes, pourrait en revanche changer la donne, ainsi que la nouvelle émission consacrée à ces artisans qui n’ont pas trouvé de successeurs. En attendant, l’ensemble inspire l’atelier 13 qui, s’il rendra ses conclusions en décembre, émet déjà quelques pistes de réflexion.
D’une seule voix
D’emblée, une meilleure coordination des acteurs qui promeuvent les métiers de l’agriculture est apparue indispensable, en vue notamment d’un plan de communication national. « Nous réfléchissons aussi à une meilleure sensibilisation des élèves de quatrième et troisième, et de ceux qui participent à leur orientation. » La mise en place d’un interlocuteur unique pour les TPE et les PME sur l’emploi, la formation et l’orientation est aussi envisagée. L’idée de créer de l’emploi paritaire, avec employeurs et salariés, a également été émise pour anticiper sur les formations. La notion de territorialisation en matière de formation ressort aussi très largement. « C’est le moment, estime Sébastien Windsor. On sent une maturité. Si on laisse des associations comme L214 communiquer sans rien dire, on va se retrouver dans les choux. »
Quid du financement ? À la demande des artisans, le gouvernement avait créé, en 1996, un fonds de promotion alimenté par une taxe de 10,40 euros, payée par les 840 000 entreprises de l’artisanat. « Nous n’allons pas démarrer un fonds de communication, modère Sébastien Windsor, mais essayer d’instaurer une meilleure coordination entre les acteurs, pour leur donner éventuellement envie d’aller vers un fonds. » Une prudence de mise, après le flop de l’Agence française d’information et de communication agricole et rurale dissoute en 2008 par manque de cohésion et de financement. En revanche, les plans de filière, attendus pour décembre, pourraient avoir à ajouter une ligne à leur plan d’actions et à leur budget en faveur de l’emploi.