Acheter des laitières
20 % DE TANTES
Les veaux sous la mère sont nourris exclusivement au lait jusqu’à l’âge de cinq mois, pour obtenir après abattage des carcasses de 140 à 170 kg. Le lait de leurs mères, de race allaitante, ne suffit pas pour atteindre cet objectif. En complément, il faut prévoir 20 % de laitières qui joueront le rôle de tantes. « Les brunes ou les montbéliardes conviennent bien, elles sont maternelles, se laissent facilement téter par d’autres veaux, et sont éligibles à la prime PMTVA », note David Domenichini, de la chambre d’agriculture de Lozère.
DES VÊLAGES ÉTALÉS
Mieux vaut étaler les vêlages, afin d’étaler aussi le travail. « Pour profiter de bons prix, il faut éviter de vendre des veaux entre mi-juin et mi-septembre, donc d’avoir des vêlages entre mi-janvier et mi-avril », précise Francis Rousseau, de l’association Le veau sous la mère. Les vêlages des tantes doivent également être étalés, pour utiliser au mieux leur lait. « Si à une période il y a trop de lait par rapport au nombre de veaux, il est possible d’acheter quelques veaux laitiers croisés pour compléter un lot », ajoute-t-il.
Réorganiser le bâtiment
DES CASES À VEAUX
À proximité des mères seront aménagées des cases collectives pour quatre à cinq veaux, avec au moins 1,8 m² par veau. « Pour obtenir une viande de couleur claire, les veaux ne doivent pas trouver de fer dans leur environnement. Mieux vaut bétonner le sol et éliminer les ferrailles qu’ils pourraient lécher », détaille Francis Rousseau. Pour le confort, prévoyez un paillage abondant deux fois par jour, « avec une paille sans herbe et sans terre pour préserver la couleur de la viande », précise David Domenichini. L’ambiance du bâtiment est également importante, pour avoir des veaux en bonne santé et éviter les blocages de croissance.
DEUX TÉTÉES PAR JOUR
Les veaux doivent téter deux fois par jour, d’abord leur mère, puis une tante, s’ils n’ont pas assez bu. « Pour éviter qu’ils ne stressent, il faut les faire téter à heure fixe », note David Domenichini. Le temps d’astreinte augmente. « En optant pour la tétée en liberté surveillée, par exemple, on comptera deux fois une heure par jour pour la tétée et le paillage des cases à veaux », estime Francis Rousseau.
Obtenir des veaux de qualité
COULEUR ET CONFORMATION
Le prix de vente dépend de la conformation, de l’état d’engraissement et de la couleur de la viande, classée de 0 pour le blanc à 3 pour le rosé. « On perd environ 1,50 €/kg en descendant d’une classe de couleur et 1 € en descendant d’une classe de conformation », précise Francis Rousseau. Dans l’exemple ci-contre, les veaux aubracs, classés en 1 pour la couleur, U pour la conformation et 3 pour l’engraissement, se vendaient en 2016 à 8,25 €/kg, contre seulement 7,10 € pour les veaux laitiers issus d’un croisement avec un taureau viande, classés en 1 R 3.
AU MOINS 1 200 € PAR VEAU
La production de veau sous la mère demande plus de travail que celle des broutards. Mais les ventes, plus étalées, se font au bout de quatre à cinq mois seulement, ce qui améliore la trésorerie. « Et les prix sont à la hauteur des efforts, car c’est un produit recherché, avec une demande supérieure à l’offre », affirme Francis Rousseau. Dans les régions où il y a une filière label rouge organisée, les éleveurs qui se lancent peuvent s’appuyer sur des grilles de prix déjà négociées avec les acheteurs. « Sinon, il faut trouver soi-même des débouchés, poursuit-il. Les veaux sous la mère se vendent alors souvent un peu moins cher. L’objectif pour dégager une bonne rentabilité reste d’arriver au moins à 1 200 € par veau. »