Pour 2023, les semences de betteraves ne peuvent plus être enrobées avec des néonicotinoïdes pour lutter contre les pucerons verts Myzus persicae, vecteurs de jaunisse. En attendant des variétés tolérantes à la maladie suffisamment productives, différentes actions prophylactiques et de traitement peuvent être mises en œuvre pour diminuer la pression du ravageur. En premier lieu, la limitation des réservoirs de virus avant les semis. « Les virus de la jaunisse se conservent dans les repousses de betteraves, explique l’ITB (Institut technique de la betterave). Les pucerons viennent s’y alimenter avant de coloniser les parcelles au printemps. »

Dans les céréales semées sans labour après des betteraves touchées par la jaunisse en 2022, l’ITB recommande de « vérifier si des repousses de betteraves ont survécu aux températures froides de l’hiver et aux désherbages d’automne ». En présence de repousses, il convient d’appliquer fin mars/début avril, un antidicotylédones. Le choix du produit se fera selon la flore présente dans la parcelle et des résistances rencontrées.

Il convient aussi de bien gérer les résidus de racines après déterrage, ces derniers pouvant émettre des feuilles. S’ils n’ont pas été épandus et enfouis dans la parcelle à l’automne dernier, il est conseillé de retourner les andains de déterrage lorsque la terre est suffisamment sèche et maniable. Cela peut aussi être fait en période de gel. Autre solution : appliquer du glyphosate à la dose maximale de 1080 g/ha.

Arrivée des pucerons début mai

La prévision de la date d’arrivée des pucerons et de leur abondance est aussi un élément clé dans la lutte contre la jaunisse. Elle permet aux planteurs d’accroître la vigilance à la période identifiée comme à risque, afin de positionner au bon moment les traitements en végétation. Grâce à un nouveau modèle de prévision, l’ITB anticipe au 17 février une arrivée des ravageurs vers le 2-3 mai 2023, en avance de quelques jours par rapport à 2022.

Mais c’est très en retard comparativement à 2020 où le vol de pucerons était intervenu vers le 20 avril et avait provoqué une forte pression de jaunisse. « Au début de mai, les betteraves devraient avoir 4-6 feuilles, l’impact des pucerons sera moins important que sur des betteraves à 2 feuilles comme cela a été le cas il y a trois ans », exprime Ghislain Malatesta, directeur du département de l'expérimentation et des expertises régionales à l’ITB. L’abondance des pucerons est plus compliquée à prévoir mais « ce sera de l’ordre de 2022, c’est-à-dire pas très importante », avance le spécialiste.

Lorsque le seuil d’intervention est atteint dans votre parcelle (lire l'encadré), une intervention chimique est nécessaire. L’ITB conseille une application de flonicamid, par exemple du Teppeki à 0,14 kg/ha + huile 1l/ha, à partir du stade 2 feuilles des betteraves. Une demande de dérogation 120 jours pour le spirotétramat (produit Movento) a été déposée par l’ITB et devrait être acceptée à la fin de février ou au début de mars. Deux applications maximum sont conseillées, à 0,45 l/ha de 2 feuilles à couverture des rangs.