Pomper l’eau de la nappe phréatique d’Alsace revient de plus en plus cher. La chambre d’agriculture d’Alsace a calculé qu’en 2022 le millimètre d’eau apporté a coûté 1,76 €, avec un litre de GNR à 1,10 €, et 1,63 €, avec un kWh à 0,20 euro. Pour Étienne Losser, installé sur 75 ha intégralement irrigués au GNR ou à l’électricité à Mussig (Bas-Rhin), le prix du kilowatt est multiplié par dix en 2023, à plus de 0,30 euro.

« Malgré mes appels répétés, EDF est injoignable. J’attends une meilleure offre. Même plafonné à 28 cents, le kilowatt est hors de prix », juge-t-il. En 2022, le coût total de l’irrigation au millimètre apporté oscillait entre 3,90 et 4,20 €, selon le type d’énergie et le matériel (enrouleur, rampe, pivot). En 2018, il s’établissait entre 2,80 et 3 €.

Vers la fin des prélèvements libres

L’horizon s’obscurcit également pour les prélèvements dans la nappe, libres jusqu’ici. Pour faire face aux épisodes de sécheresse et à la pression sociétale, une réglementation similaire aux tours d’eau appliquée aux eaux de surface est en discussion pour les eaux souterraines. Une procédure lourde dans le cas de nouveaux forages de puits en zone humide remarquable est également dans les tuyaux.

« Irriguer, ce n’est pas gaspiller » rappelle Fabien Metz, vice-président de la chambre d’Agriculture. « L’eau rafraîchit le couvert. Une partie s’évapore et participe au cycle des pluies, une autre s’infiltre dans le sol. » La profession attend des outils de pilotage plus précis. Se baser sur l’évapotranspiration réelle et non plus moyenne permettrait de réduire l’apport d’environ 15 %.