Le 31 octobre, François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, a présenté un manifeste signé par plus de 100 organisations de la société civile, ainsi que 25 experts.
Ceux-ci forment la coalition « Citizens for Science in Pesticide Regulation », qui dénonce le système actuel d’évaluation des pesticides et réclame « une science rigoureuse, des denrées alimentaires sûres et un environnement sain », lit-on dans le communiqué.
Un système mal encadré
Si la coalition considère que « l’Union européenne a l’une des meilleures règlementations pour les pesticides au monde », elle regrette qu’elle ne soit « pas mise en œuvre dans la pratique », lit-on en préambule du manifeste.
En effet, le groupe met en avant les biais que constituent d’une part, « l’intérêt économique de l’industrie agroalimentaire au détriment de l’environnement et de la santé humaine » ; d’autre part, « le recours à des systèmes dérogatoires facilitant l’utilisation de pesticides dangereux, qui ont des effets inacceptables sur l’environnement, notamment sur la biodiversité, les abeilles, la santé humaine… »
Aussi, « le modèle européen d’évaluation des risques liés aux pesticides est problématique, car il n’empêche pas l’utilisation de produits chimiques dangereux pour la production d’aliments. En France, l’épisode récent d’intoxication au métam-sodium en est l’illustration parfaite », analyse Générations Futures.
François Veillerette rappelle que ce produit avait été « interdit puis réhomologué malgré les données manquantes. C’est un peu comme si à la Fac on vous avait donné votre licence et demandé de passer les UV après » ! Et d’ajouter : « Ceux qui rédigent les listes de préconisation d’emploi sont aussi responsables que les utilisateurs des produits. »
La priorité à la santé publique
Dans ce contexte, et alors que le règlement 1107/2009 est en cours de réexamen à l’aube de ses 10 ans, le manifeste appelle notamment à :
- donner la priorité à la santé publique, à l’environnement et à l’agriculture durable ;
- s’assurer que les décideurs s’appuient sur des données complètes, publiques, à jour et exemptes de biais industriels ;
- permettre aux décideurs, à la société civile et à la communauté scientifique de contrôler l’intégrité et l’efficacité de la politique européenne en matière de pesticides.
Des lacunes et biais méthodologiques
En complément de ce manifeste, « un rapport qui détaille les lacunes de ce système et fait des propositions d’amélioration » est publié par Pesticide Action Network Europe et Générations Futures. Il recense « les [nombreuses] lacunes et biais méthodologiques ».
« La législation actuelle n’est pas à la hauteur des enjeux de santé publique que recouvre la question des pesticides, déclare François Veillerette. [Les ONG signataires du manifeste] attendent des pouvoirs publics qu’ils prennent leurs responsabilités et réforment en profondeur le système actuel en se basant sur des données scientifiques indépendantes et complètes. »
Une des propositions du collectif est « de faire payer les firmes pour l’homologation des produits menée par des laboratoires indépendants ». Le porte-parole relaie aussi le besoin de « donner de vrais moyens aux agences afin qu’elles aient le temps d’expertiser les études présenter et de les critiquer. Il y a un vrai problème car le travail de vérification n’est pas fait et le nom des experts n’est pas mentionné. Par conséquent, il est impossible de savoir s’il y a un conflit d’intérêts et ils ne prennent pas leurs responsabilités ».