À l’approche de la trêve hivernale, les prix français du blé varient peu cette semaine à 150 €/t rendu Rouen et 160 €/t pour l’échéance de mars 2018 d’Euronext. Cette stabilité se traduit toutefois par un léger renchérissement des blés français sur le marché mondial en dollar car l’euro s’est légèrement apprécié cette semaine. Ce renchérissement des valeurs françaises a été soutenu par une remontée des cotations américaines (+1 $/t pour les blés SRW et +2 $/t pour ceux de qualité HRW).

La situation sèche sans le sud des plaines de blé d’hiver aux États-Unis continue d’inquiéter, de même que les prévisions de températures froides pour les prochains jours. Ces conditions météorologiques et de bonnes ventes américaines cette semaine vers l’Asie ont fait grimper la Bourse de Chicago en quelques jours.

Malgré tout, la compétition reste rude pour les blés français avec des blés russes qui, eux, se sont plutôt affaissés ces derniers jours en raison du ralentissement des exportations. Pourquoi ? À cause du mauvais temps et à l’approche de la pause traditionnelle russe, la première semaine de janvier.

Des récoltes européennes revues à la baisse

En Argentine, la moisson est maintenant avancée à plus de 70 % et les résultats sont bons. Cela maintient les blés argentins à un niveau très compétitif par rapport aux concurrents : 178 $/t Fob pour des blés à au moins 12 % de protéines par rapport à 189 $/t pour les blés français. Pas de grand changement de perspective en cette fin d’année, excepté les estimations officielles des récoltes en Europe revues à la baisse.

C’est le cas au Royaume-Uni où le ministère de l’Agriculture (DEFRA) vient de baisser son estimation de 0,4 million de tonnes (Mt). Cela n’est pas surprenant car l’estimation précédente semblait beaucoup trop élevée par rapport aux estimations de terrain. En France, Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, a également révisé son estimation en baisse de 0,5 Mt (à 37 Mt) à la mi-décembre. Malgré tout, le bilan européen reste bien confortable et les prix vont rester tributaires de la concurrence mondiale.

Orge : soutien sur le créneau fourrager

Les orges fourragères se renchérissent de nouveau à Rouen cette semaine (+1 €/t à 147,75 €/t), à la suite d’un raffermissement de la demande de l‘Afrique du Nord. La situation est très sèche au Maroc avec déjà les craintes d’une forte réduction des surfaces semées et de graves problèmes de levée. Cette situation peut expliquer l’accélération des chargements. En conséquence, les orges françaises voient leur prix grimper de 2 $/t sur le marché mondial, mais restent, malgré tout, moins chères que celles de la mer Noire.

Les orges brassicoles affichent une trajectoire contraire : elles viennent de perdre 1 €/t en variété d’hiver à 153 €/t, et 4 €/t en variété de printemps à 194 €/t Fob Creil. Le bon déroulement de la récolte en Argentine et la révision à la hausse de celle du Canada ont contribué à cette baisse.

Maïs : la morosité reste de mise

Le retour des pluies en Amérique du Sud a pesé sur les prix brésiliens et américains cette semaine. Ces origines abandonnent entre 2 et 3 $/t. Dans ces conditions, les prix du maïs sur la façade atlantique ont été obligés de s’ajuster en baisse (–1,5 €/t à 151,5 €/t) et cela d’autant plus que l’euro s’est raffermi au cours des derniers jours. Le marché européen du maïs reste marqué par des importations très importantes en provenance des pays tiers et cela vient peser sur les prix français.

Les pluies en Argentine rafraîchissent le marché du soja

Les conditions de cultures en Amérique latine continuent de s’améliorer, avec des pluies maintenant largement réparties sur l’ensemble des zones de production en Argentine à l’exception du nord du pays. La sécheresse des dernières semaines a toutefois ralenti les semis de soja, qui atteignent 71 %, soit un recul de 5 points par rapport à 2016.

Au Brésil, les conditions de cultures sont très correctes, et certains opérateurs évoquent désormais un potentiel de rendement proche de l’an dernier, qui fut une année record pour la productivité du soja brésilien. Ce n’est toutefois pas encore assuré, le mois de janvier étant néanmoins un mois clef pour l’élaboration du rendement.

Ces bonnes conditions pèsent sur le prix du soja sur le marché de Chicago, qui recule de 7 $/t sur la semaine. La récente décision de la Chine de durcir les spécifications appliquées aux importations de soja américain a pu également peser sur les prix locaux. Le taux de matières étrangères maximum va passer de 2 % à 1 %, ce qui obligera les exportateurs américains à faire un tri bien plus drastique des lots.

La conséquence de cette mesure pourrait être un renchérissement des prix du soja dans les ports américains, ou bien une diminution du prix proposé aux agriculteurs. Dans les deux cas, cela ne devrait pas soutenir les exportations américaines de soja déjà très en retard : elles sont en recul de 16 % par rapport à l’an dernier.

Les huiles font glisser le colza

Le prix du colza rendu Rouen recule de 4 €/t, le Fob Moselle de 3 €/t et sur le marché à terme, l’échéance de mars est en baisse de 4,5 €/t. En plus de l’influence baissière du soja, l’huile de palme a pesé sur le prix du colza.

La demande à l’exportation adressée à la Malaisie et à l’Indonésie est en recul sur les trois premières semaines de décembre, alors que la production semble être sur une dynamique positive. Le marché s’attend désormais à un rebond des stocks à la fin du mois. Le prix du canola canadien recule plus modérément que son voisin européen (–1 $/t) en raison d’une demande dynamique sur le rapproché.

Le prix du tournesol résiste, toujours coté à 315 €/t à Saint-Nazaire.

Rechute des tourteaux

Le prix du tourteau de soja sur le marché de Chicago suit celui du soja, et recule de 8 $/t sur la semaine à 346 $/t. Le tourteau à Montoir perd lui 11 €/t à 311 €/t.

Le prix du pois fourrager reste coté à 175 €/t départ Marne. Au cours du mois de décembre, le pois était plutôt attractif dans l’alimentation animale, mais le récent recul du prix des tourteaux devrait peser sur le prix du protéagineux à court terme. Le pois jaune n’est pas coté à Rouen cette semaine.

À suivre : rythme de vente des sojas américains, climat en Amérique du Sud, climat en Amérique du Nord et conditions de chargement en Russie

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