Les semaines se suivent et se ressemblent sur le marché des céréales, avec des céréales à paille qui remontent doucement la pente derrière la locomotive russe, tandis que le maïs continue de ployer sous l’offre mondiale et l’écart de prix important entre les maïs européens et les concurrents des pays tiers.
Le blé français de nouveau dans la course
Comme la semaine dernière, le prix du blé français a été tiré par son homologue russe, mais en progressant de façon plus modérée. Cela permet à l’origine tricolore (Fob Rouen) de s’afficher 1 $/t en dessous du blé russe. En euro, le rendu Rouen a gagné 2,5 €/t cette semaine, à 158 €/t, au plus haut depuis le mois d’août, porté également par un affaiblissement de l’euro faisant suite aux élections allemandes.
Il faudra que ce resserrement de la compétitivité entre l’origine française et la Russie se traduise dans l’activité portuaire. Le faible rythme à l’exportation constaté actuellement pourrait conduire à un alourdissement des stocks français en fin de campagne. Il est intéressant de noter que l’Algérie vient d’acheter 450 000 tonnes à la France pour un chargement en décembre malgré l’attractivité des blés argentins sur cette période. Le prix fixé dans l’appel d’offres est de 211-212 $/t Caf, contre 200-201 $/t Caf à la fin d’août pour livraison en novembre.
Le blé russe reste malgré tout la locomotive du marché. Après avoir tiré tout le monde vers le bas, il est reparti à la hausse sous l’effet de la remontée du rouble, elle-même renforcée cette semaine par la hausse du prix du pétrole. Ce dernier est toutefois reparti à la baisse ces derniers jours. S’ajoute à cela la réticence des agriculteurs à lâcher plus de marchandise aux prix bas actuels, maintenant qu’ils ont renfloué la trésorerie avec des ventes déjà conséquentes, et l’encombrement logistique induit par des chargements très dynamiques.
À l’échelle mondiale, cette remontée des prix est aussi favorisée par les inquiétudes qui persistent en Australie (temps trop sec, mais le retour des pluies est annoncé), en Argentine (trop de pluies) et par des conditions sèches pour les semis de blé d’hiver aux États-Unis. Sur les perspectives de plus long terme, l’avancée rapide des semis en Russie et en Ukraine laisse présager la mise en place, à nouveau, d’un gros potentiel pour la récolte à venir, à condition bien sûr que les conditions climatiques lui permettent de se concrétiser.
L’orge dit merci à l’Arabie
Les cours de l’orge fourragère ont progressé cette semaine, gagnant 4 €/t rendu Rouen à 154,5 €/t. Il s’agit là en partie de l’impact de la hausse en blé tendre, mais également du nouvel appel d’offres passé par l’Arabie Saoudite (540 000 tonnes) pour livraison en novembre et décembre. L’origine européenne devrait bénéficier de cet appel d’air. La situation est moins porteuse pour l’orge de brasserie, qui cède 1 €/t, à 199 €/t pour le Fob Creil en orge de printemps.
Le maïs continue de courber l’échine
La situation reste lourde pour le maïs, avec le Fob Bordeaux qui s’effrite encore, à 150,5 €/t, tandis que la récolte débute en France. L’origine européenne ne profite pas de la petite hausse enregistrée aux États-Unis et au Brésil, car le maïs communautaire reste bien moins compétitif que ses concurrents ukrainiens et américains, malgré le droit à l’importation dans l’Union européenne qui avoisine toujours 11 €/t.
Les opérateurs sont dans l’attente du rapport de l’USDA qui dévoilera le niveau des stocks états-uniens au 1er septembre, donnant ainsi plus de précision sur l’ampleur des disponibilités américaine avant que ne démarre la campagne de 2017-2018. Les exportations restent très dynamiques au départ du Brésil. Malgré la récolte record de ce pays, les prix brésiliens se raffermissent sous l’effet de la rétention des producteurs.
Légère pression sur le marché du soja
Cette semaine, les cours des oléagineux outre-Atlantique sont en repli. En ce qui concerne le soja, la moisson a bien progressé cette semaine grâce à un temps sec. Elle était réalisée à 10 % la semaine passée. Par ailleurs, les premiers échos du terrain montreraient des rendements supérieurs aux attentes. Pour le moment, la récolte de soja aux États-Unis est attendue à un niveau très proche de l’an dernier (117 Mt) avec une surface en forte hausse mais des rendements en baisse.
De plus, l’EPA (agence environnementale des États-Unis) envisage de réduire l’incorporation obligatoire de biodiesel en 2018, faisant suite à la réduction drastique des importations de biodiesel en provenance de l’Argentine, après la mise en place des taxes à l’importation très élevées sur les biodiesels argentins et indonésiens.
Cette annonce de l’EPA – faite le mardi 26 septembre – contribue au recul des prix cette semaine. De plus, au Brésil, les prévisions météorologiques des jours à venir annoncent un retour très attendu des pluies, à temps pour les semis de soja, ce qui a également pesé sur les marchés. Ainsi, le soja perd 4 $/t cette semaine à Chicago (malgré des ventes américaines records pour la semaine, de presque 3 Mt). Le canola canadien suit et perd 3 $/t.
Le colza rebondit par le jeu des taux de change
En France, les prix montrent plus de fermeté, avec une hausse du prix du colza de 5 €/t rendu Rouen, de 4 €/t en Fob Moselle, et de 4,50 €/t sur Euronext. L’euro s’est affaissé cette semaine, perdant 1 % à 1,18 $, ce qui a soutenu les prix exprimés en euros. En effet, exprimés en dollars, les prix français sont quasi stables. À court terme, les cours devraient être soutenus par un contexte mondial plutôt tendu. Les récoltes canadiennes et australiennes s’annoncent décevantes, en forte baisse par rapport à 2016.
Le prix du tournesol est stable sur la semaine à 320 €/t à Saint-Nazaire.
Le prix du tourteau se redresse
Alors que le tourteau de soja voit son prix diminuer de 2,5 $/t sur le marché de Chicago, entraîné par la graine de soja, la cotation du tourteau de soja à Montoir est en hausse de 5 €/t par rapport à la semaine dernière, là aussi en raison du petit effritement de la valeur de l’euro.
Le prix du pois fourrager se stabilise à 190 €/t au départ de la Marne. Le pois jaune retrouve un peu de souffle à 202 €/t (+2 €/t), mais la prime par rapport à la qualité fourragère reste faible (seulement 12 €/t contre 32 €/t en moyenne en juin) reflétant les larges disponibilités françaises.
À suivre : prix du pétrole et impact sur le rouble, conditions météo pour les céréales en Argentine, en Australie, et pour les semis de blé d’hiver États-Unis, retour de la France à l’export en blé face à la Russie, stocks de maïs des États-Unis, semis de soja au Brésil, récolte de soja aux États-Unis.